Elle déboule à vélo sous une pluie battante, retire d'un mouvement rapide sa solide combinaison protectrice et éclaire d'un large sourire son visage mouillé. Elle a le même désordre dans les cheveux que Laure Berthaud, mais paraît plus grande dans son pantalon noir et son pull orange seyants qu'avec les jeans et les sweats sans forme de la capitaine de police. Dans le bistrot, elle répond avec le même sourire aux clients qui l'ont reconnue, commande un thé et reprend un peu son souffle. Caroline Proust semble flotter. «Je suis heureuse, je suis amoureuse», lâchera-t-elle un peu plus tard, comme une explication à l'impression de légèreté qui l'accompagne.
Il est vrai que la période est douce pour l'héroïne d'Engrenages. La cinquième saison de la série de Canal +, désormais plébiscitée dans plus de 70 pays, est encensée par les critiques. La capitaine Berthaud, cabossée par une vie intime aussi douloureuse et difficile que ses enquêtes, rend grotesque ou désuète la cohorte des flics de la télévision française. La tendresse que Caroline Proust porte à son personnage ne trompe pas. «Peut-être parce qu'au fond nous nous ressemblons. Nous avons la même détermination, le même désir de justice. Et nous sommes toutes les deux passionnées.» Auprès du public, le succès est évident. Dans la rue ou ailleurs, les gens la saluent, la félicitent, «mais sont toujours respectueux, jamais gênants».
Après bientôt dix années d'une vie policière intermit