Une victoire sur un champ de mines. Quelques minutes après la proclamation des résultats samedi soir, le décor était déjà planté. Les messages de «félicitations» tombent, lourds de menaces et d’ironie. Nicolas Sarkozy peut prendre la mesure de la fragilité de sa décevante élection : il n’a convaincu que 64,5% des militants UMP, soit 20 points de moins que lors de son premier sacre, en novembre 2004. Il entre de fait en cohabitation. Le vrai vainqueur, c’est Bruno Le Maire. En raflant 29,18% des suffrages, il fait voler en éclat le mythe d’un parti ultrasarkozyste, tout entier tendu vers le retour de son seul chef possible.
Jean-François Copé, l’ex-chef du parti, adresse à son successeur ses «vœux chaleureux de succès» sans oublier de souligner dans son communiqué, cruelle précision, que cette élection intervient «dès le premier tour». Comme si ce résultat était une performance…
Quand Le Maire l'appelle pour le féliciter, Nicolas Sarkozy se cabre. Il se plaint des attaques contre sa personne, tout au long de cette campagne. Il est vrai que le candidat du «renouveau» n'y est pas allé de main morte : voter pour lui, c'était «tirer un trait sur les scandales financiers», «en finir avec les chroniques judiciaires». Au téléphone, Le Maire interrompt sèchement Sarkozy. Des attaques, il en a subi lui aussi. Et des insultes. Jusqu'à l'affaire Clearstream, agitée par certains comme preuve de la fourberie de l'ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepi