Les discours sur la nécessité de réformer la société française se multiplient. Mais ce qu’on entend par là, ce n’est pas la mise en œuvre progressive d’un agenda de mesures inscrites dans une vision d’ensemble de la société et de son adaptation. C’est la recherche d’un équilibre entre deux exigences contradictoires : d’une part, la réduction de dépenses publiques exigées par la Commission européenne ; d’autre part, les sacrifices que l’on peut demander à telle ou telle catégorie sociale, compte tenu de sa capacité de rétorsion c’est-à-dire de nuisance. Une sorte de comptabilité en partie double bien particulière…
Les corporations et les groupes de pression s’épanouissent d’autant mieux que le gouvernement ne peut les combattre au nom d’un projet d’avenir, négocié avec les partenaires sociaux et entériné par les électeurs. Alors que, dans les pays scandinaves comme en Allemagne, les mouvements politiques, en premier lieu sociaux-démocrates, ont une assise sociale forte qui rend plus facile la recherche d’une adéquation entre les aspirations des citoyens et la marge d’action des gouvernants, en France, la faiblesse, sinon l’inexistence, des liens entre le monde politique et les acteurs sociaux a pour effet de réduire la puissance des syndicats réformistes et d’isoler le politique de ses déterminants sociaux. Une mise à plat des grands domaines qui construisent notre avenir (formation, fiscalité, gestion des entreprises, lutte contre l’exclusion, etc.) aurait peut-être permis de