Jusqu’où François Hollande compte-il réformer le marché du travail ? Le patronat rêve d’un big-bang. Les syndicats le craignent. Depuis plusieurs semaines, la question agite les coulisses du pouvoir. Et pour cause : c’est l’un des derniers grands arbitrages du quinquennat. Probablement le plus politique puisqu’il fixera une bonne fois pour toutes la couleur du mandat de François Hollande : résolument social-démocrate ou définitivement social-libérale. Dans l’entourage du chef de l’Etat, deux camps s’affrontent. Le premier - dans lequel on retrouve Manuel Valls (Premier ministre), Emmanuel Macron (ministre de l’Economie), François Rebsamen (Travail) - est convaincu que notre marché du travail a besoin de plus de flexibilité. Pour eux, il n’y a ni tabou ni totem, tout doit être mis sur la table : le contrat unique, le temps de travail, l’indemnisation du chômage… Et il y aurait urgence. A la fois pour donner des gages de réformisme vis-à-vis de Bruxelles et pour relancer la machine française à créer des emplois.
Le second camp - dans lequel on peut trouver en vrac Michel Sapin (Finances), Stéphane Le Foll (Agriculture) et plusieurs leaders socialistes - revendique le pragmatisme : assouplir pourquoi pas, mais en évitant toute guérilla idéologique. «C'est un sujet où il faut se méfier des postures qui, en l'occurrence, sont souvent contre-productives, soutient un partisan de cette option. Elles braquent y compris ceux qui pourraient avoir envie de bouger.»