C’est la première grosse faute de Marine Le Pen : en souscrivant un emprunt de 9 millions d’euros auprès d’une banque russe notoirement sous la coupe du Kremlin, la présidente du Front national s’est mise dans un très mauvais cas. Rien d’illégal a priori. La famille Le Pen est riche mais le FN est pauvre. L’extrême droite française a besoin d’argent pour financer les campagnes locales de l’an prochain, à l’occasion desquelles elle compte bien remporter quelques succès retentissants. Les banques françaises rechignent à ouvrir des lignes de crédit à une formation dont le financement a toujours été chaotique et controversé. Marine Le Pen cherche donc à Moscou ce qu’elle ne parvient pas à trouver à Paris. C’est un choix politique délibéré, provocateur, audacieux et cynique.
Le système bancaire russe fonctionne en effet sous la surveillance très attentive et très impérieuse du Kremlin. Un prêt à un parti français désormais important ne peut se faire qu’avec l’accord de Vladimir Poutine. Le président russe entretient d’ailleurs des relations étroites et cordiales avec les formations d’extrême droite des pays membres de l’Union européenne, en reçoit régulièrement les dirigeants et les fait traiter chaleureusement par ses collaborateurs.
Rien d’étonnant à cela : Poutine est un nationaliste proclamé qui n’a que de la sympathie pour les nationalistes xénophobes que sont les mouvements d’extrême droite européens. De plus, venir en aide à des partis politiques qui rêvent de faire imploser