L’affaire est maudite. Un drame familial transformé en scandale d’Etat, aujourd’hui menacé d’exploser en vol. Quatre ans d’instruction, un dossier passé successivement par Nanterre, Bordeaux et Paris, des journalistes espionnés, des juges dessaisis, des témoins traqués et de forts soupçons de financements politiques occultes. Ultime rebondissement de cette saga judiciaire : la mise en examen, le 27 novembre, de Claire Thibout, ex-comptable de la famille Bettencourt, pour faux témoignage. Un coup de théâtre susceptible de perturber sérieusement le procès qui doit s’ouvrir fin janvier. Autopsie d’un fiasco.

En quoi l’affaire rebondit-elle ?

Claire Thibout est l'un des principaux témoins à charge. Elle a attesté de la préparation d'enveloppes précédant la visite de quelques sommités au domicile des Bettencourt. Dès l'origine de la procédure pénale, les avocats de François-Marie Banier, premier bénéficiaire des largesses de la milliardaire, avaient porté plainte pour faux témoignage en novembre 2010, visant quatre autres anciens employés de maison. Dès cette époque, M^e Georges Kiejman, avocat de l'héritière de L'Oréal, avant qu'elle ne soit placée sous tutelle, pestait contre son témoignage «clairement disqualifié». Plainte mise temporairement en veilleuse un mois plus tard, sur fond de réconciliation entre Liliane Bettencourt et sa fille, Françoise, plaignante initiale pour abus de faiblesse.

Au printemps 2012, une fois le