Une jolie fleur trentenaire à peau douce et mordorée vous contemple de ses grands yeux où semble luire toute la curiosité du monde, puis, de sa bouche entrouverte, souriante, à l'américaine, sort par exemple ceci : «Le jour de l'élection d'Obama, j'étais là-bas pour France 24 et c'est moi qui ai dit en direct : "Le premier président noir américain est élu."» Le vocabulaire n'est jamais tout à fait à la hauteur de la présence ni de la notoriété. Il accompagne les rondeurs vives et l'ingénuité carrossée de Léa Salamé, nouvelle reine intermédiaire des ondes et de l'image.
Libanaise et française, elle a une passion pour Mitterrand et vote en France, sans dire pour qui : «C'était mon obsession en négociant avec Ruquier. Je leur ai dit : "Je ne veux pas me situer politiquement, je ne jouerai pas la fille de droite." Journaliste, je suis neutre. Je ne suis absolument pas idéologue. On est dans une société qui se radicalise un peu plus ? Je revendique le gris, la nuance, la complexité.» On ne sait jamais si c'est par manque d'idée ou par excès de prudence, ou les deux : Léa parle d'elle comme si elle était importante et comme si elle avait 10 ans. Son père, l'intellectuel et homme politique libanais Ghassan Salamé, aurait préféré qu'elle soit journaliste à New York. C'est là, d'une certaine façon, que tout a commencé.
Le 11 septembre 2001, à quelques rues des deux tours, une gamine de 21 ans est réveillée en sursaut par un bruit violent. La veille, Léa Salamé a fait