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Libération

La droitisation de la société française

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publié le 17 décembre 2014 à 18h06

Tout concorde : les résultats électoraux, les sondages, les manifestations, les phénomènes littéraires. 2014 aura été l’année de la droitisation de la société française. Dans les urnes, la gauche s’effondre, la droite résiste, l’extrême droite pavoise. Elections municipales, européennes, législatives partielles, le scénario se déroule implacablement. Jean-Luc Mélenchon stagne, les Verts tiennent, le PS plonge, le centre réapparaît doucement, le FN réussit une percée mémorable et l’UMP tire les marrons du feu. Dans la rue, même phénomène. La CGT s’étiole et ne rassemble que de maigres cortèges, alors que les marcheurs de la Manif pour tous se comptent par centaine de milliers. En librairie, Eric Zemmour règne, explose et culmine. Idéologiquement, politiquement, économiquement, socialement, la France penche à droite et lorgne vers l’extrême droite, comme jamais depuis la Libération, bien plus qu’en juin 1968 ou qu’en mars 1993. C’est une mutation lourde, d’une impressionnante cohérence, affleurant à travers toute l’Europe, s’épanouissant en France. Le Vieux Continent se cabre, la France rue. La gauche peut commander des vêtements de deuil, la droite reprendre espoir, l’extrême droite se prendre à rêver.

Ce qui ressort des sondages ne laisse guère de doute. La France aspire à l’ordre et à l’autorité. Elle l’avoue de chiffre en chiffre. Elle a la nostalgie d’un chef porteur d’espérance, le tempérament bonapartiste populaire ressurgissant à travers la crise et les épreuves. L’anxi