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TRIBUNE

Les médias, chiens de garde de l’ordre établi ?

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par Jean Quatremer, Journaliste à Libération
publié le 17 décembre 2014 à 18h06

Comme à chaque fois que la «vie privée» des politiques est révélée contre leur gré, une partie des journalistes, essentiellement des journalistes politiques qui vivent d’une certaine connivence pour ne pas dire d’une connivence certaine avec leurs sources, volent à leur secours en invoquant leur droit absolu à la vie privée. On a vu cette union sacrée d’une partie de la presse et du monde politique, avec Dominique Strauss-Kahn ou François Hollande, on le voit à nouveau avec Florian Philippot, ce qui montre, au passage, que le FN est bel et bien entré dans les consciences journalistiques comme un parti «normal». L’affaire Philippot montre surtout à quel point une partie des médias est réactionnaire au vrai sens du mot. Les juges arrivent même à se montrer plus subversifs qu’eux, c’est dire. Et cela éclaire d’un jour intéressant la crise de la presse en France : comment faire confiance à des médias (pas tous, heureusement) qui se comportent en défenseur pavlovien de l’ordre établi au profit des politiques ?

Par ailleurs, invoquer la démocratie pour justifier l’omerta est tout simplement un non-sens. Et surtout, il est étonnant de voir des médias «de gauche» défendre, contre vents et marées, un ordre moral pompidolien imposé sans débat il y a quarante-quatre ans. Ajoutons que les politiques ont, depuis longtemps, instrumentalisé leur vie privée et qu’ils n’hésitent pas à l’étaler sur la place publique : il suffit de mentionner le nom de Valérie Trierweiller pour que chacun compr