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Libération
Reportage

Un Béziers «pour l’exemple»

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Les élus FN à la loupedossier
Robert Ménard,«réactionnaire» assumé, s’agite et rêve du renouveau de sa ville.
Robert Ménard dans la cours de l'Hôtel de Ville de Béziers à l'occasion des commémorations du 11 novembre. (Nanda GONZAGUE)
publié le 19 décembre 2014 à 20h06
(mis à jour le 20 décembre 2014 à 17h45)

Chaque matin, Robert Ménard enfile l'uniforme tricolore de sa «Révolution». Chemise blanche et costume noir piqué du rouge de la légion d'honneur, décernée par Bernard Kouchner dans une autre vie. Il redresse sa petite taille, dévale les marches de son immeuble haussmannien des allées Paul-Riquet, et parcourt à pied quelques centaines de mètres jusqu'à l'hôtel de ville. Les façades salpêtreuses, les fenêtres murées et les graffitis lui rappellent qu'il est le maire de la quatrième ville la plus pauvre de France, plus de 16% de chômeurs, 40% d'habitants incapables de payer les impôts locaux, et 12300 qui ne vivent que des minima sociaux. Dont beaucoup d'immigrés, obsession de cet ancien rapatrié d'Algérie, fils d'un pro-OAS : «Le soir, sur les allées, 80% des gens sont d'origine du Maghreb. Ce n'est pas supportable.» Dans son enfance, son école du quartier de la Devèze était celle «de la bourgeoisie». Maintenant, «les mamans ne parlent pas français». Quand un administré le salue, il disserte sans fin sur la décrépitude de «cette ville magnifique». Chaque lampadaire endommagé lui arrache un cri - «quel gâchis !» - et la vision de la capitale cathare rendue à sa splendeur d'antan, dans un chromo tout en clochers et traditions : «Je suis réactionnaire, vraiment. Et populiste, j'aime les gens.» A la mairie, Robert Ménard passe sous la plaque dédiée à Jean Moulin, né à Béziers : «Je suis un Résistant, comme lui.»