C'est une petite musique qui se joue, sans tambours ni trompettes, dans les dîners en ville, quand on en vient à parler de la prochaine élection présidentielle. A tous les coups, il se trouve un électeur de François Hollande pour oser, d'un ton définitif, cette surprenante profession de foi : «Moi, ce sera Juppé.» Oui, Alain Juppé, ce chiraquien hautain et cassant que la gauche a si longtemps combattu, l'homme qui confia jadis être poursuivi par «la tentation de Venise». Pas peu fier de son audace hérétique, l'électeur de gauche part du principe que les socialistes n'ont déjà plus aucune chance de se sortir du marasme et que le futur président sera le vainqueur de la «primaire ouverte» qui désignera, dès l'automne 2016, le candidat de la droite et du centre voué à affronter Marine Le Pen au second tour. Il est vrai que face à un Nicolas Sarkozy ultraclivant, le choix est assez vite fait. Et jusque dans l'entourage de Hollande, on se dit «sidéré» par le nombre de personnes qui se laissent aller à la tentation de Juppé.
Alternative. Selon notre baromètre Viavoice-Libération, le maire de Bordeaux a les faveurs de 50% des électeurs de gauche. Ces derniers en font même leur personnalité préférée, derrière Manuel Valls (51,6%) Martine Aubry (51%) et devant Ségolène Royal (39,5%).
Cette popularité hors norme tient en partie au fait que Juppé est identifié comme la seule alternative possible au ret