Alain Juppé, Manuel Valls, Nicolas Sarkozy : comment comprendre leur étrange succès d'opinion dans le contexte politique actuel ? Comment parviennent-ils, plus que d'autres, à apparaître comme de «bons présidents de la République» potentiels malgré le discrédit de la classe politique, de la gauche et de la droite, du PS et de l'UMP ? Outre les atouts propres à chacun, l'étude Viavoice que publie aujourd'hui Libération révèle de singulières lignes de forces communes.
Les trois hommes partagent un premier point commun : l’image d’autorité liée à leurs personnalités mais également à leurs fonctions passées ou présentes au sommet de l’Etat (Juppé l’ancien Premier ministre puis le ministre des Affaires étrangères, Valls le Premier ministre en fonction, Sarkozy l’ancien président de la République).
Mais ils ont un second point commun, diamétralement opposé au premier : la transgression, la répudiation des repères politiques classiques. La transgression «version Juppé» est un dépassement du clivage gauche-droite : 50% des sympathisants de gauche estiment que le maire de Bordeaux serait un «bon président de la République» (et 67% des sympathisants de droite). Cela s'explique par ses prises de position sociétales (mariage, immigration) et par ses actions environnementales à Bordeaux. Cela correspond aussi à sa capacité à incarner une image plus fédératrice que l'alternance, laquelle n'est plus considérée comme une solution efficace : seuls 26% des Français es