Alain Juppé est un excellent candidat de droite… si la droite vote pour lui. C'est le paradoxe qui domine cette enquête exclusive de Libération, qui est un outil nouveau d'évaluation des rapports de forces politiques. «Qui serait le meilleur président aux yeux des Français ?» Aujourd'hui, de loin, c'est Alain Juppé. A tel point que certains enthousiastes n'ont pas hésité à parler de «Juppémania». L'ennui, c'est que cette cote d'enfer repose d'abord sur un malentendu. Comme avant lui Simone Veil ou Michel Rocard, deux personnalités respectables et compétentes qui n'ont jamais pu concourir, Alain Juppé domine le débat parce qu'il plaît au camp d'en face. Aujourd'hui encore, malgré la déception qu'il suscite dans l'opinion, Nicolas Sarkozy est plus populaire que les autres auprès des gens de droite. Autrement dit, si l'on votait aujourd'hui, Juppé l'emporterait au second tour. Mais il serait battu dans la primaire. Un spectre hante l'électorat de gauche : celui d'un deuxième 21 avril. Comme dans un cauchemar, le peuple de gauche vit dans la crainte d'un second tour opposant Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy. Tout mais pas ça ! Alors on préfère Juppé, pour qui on voterait avec moins de réticence dans un duel droite-extrême droite. Juppé est-il pour autant plus progressiste que Sarkozy ? Pas sûr. L'homme n'a rien d'un centriste et professe des opinions solidement conservatrices. Sa raideur naturelle se dissimule sous un masque de bonhomie façonné par les ans. Croit-on vra
EDITORIAL
Masque de bonhomie
Article réservé aux abonnés
par Laurent Joffrin
publié le 21 décembre 2014 à 20h06
Dans la même rubrique