Regards éteints, sourires figés, mines contrites. Sous le portrait de Jaurès, dans la grande salle de «la fédé», rue Lejeune à Toulouse, la présentation à la presse des candidats socialistes aux prochaines élections départementales, en mars, frise la déprime générale. L'heure est grave : pour la première fois depuis 1945 le conseil général de Haute-Garonne, fief du PS, risque en effet de basculer à droite et de voir l'extrême droite y siéger. Qui plus est, Pierre Izard, 79 ans, élu au poste de président de ce conseil depuis 1988, a décidé de lâcher l'affaire. Outre son âge, il n'a pas digéré la réforme territoriale «imposée» par Manuel Valls et ne mènera donc pas campagne.
«Flinguer». En aparté, quelques-uns de ses proches osent estimer que cette élection est de toute façon «perdue d'avance». «La gauche avait le plus gros réseau d'élus locaux avec 63% des départements. Deux ans et demi de présidence Hollande auront réussi à tout flinguer», balance furibard un pilier du PS haut-garonnais. Avec la ville de Toulouse passée à l'UMP, l'affaire Cahuzac et la partielle perdue qui s'est ensuivie à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), et enfin la perte de deux sièges aux sénatoriales, «il n'y aurait pas de quoi pavoiser», ajoute ce compagnon de route de l'ex-secrétaire du PS, alors député de Haute-Garonne, Lionel Jospin. «Sans le réseau des municipalités, des départements, et peut-être demain des ré