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Libération
Portrait

Honoré, l’autre versant de «Charlie»

Moins trash, plus géométrique, le dessinateur de 73 ans était d’une veine littéraire.
publié le 7 janvier 2015 à 21h16

Honoré dessinait par rapport à l’histoire de l’art. Sa signature consistait dans les six lettres de son nom, trois en haut trois en bas, enfermées dans un carré très Sécession viennoise.

Il s'appelait Philippe Honoré, il est né le 25 novembre 1941 à Vichy. D'une certaine façon, c'était le moins foutraque du lot, aussi loin que possible du style trash de Charb ou Reiser. Son rire était géométrique, ses dessins enclos dans de fausses gravures expressionnistes. Donc peut-être aussi plus explosives encore, à force de contention. Comme Catherine Meurisse, c'était la branche presque OuBaPienne de la bande, littéraire, férue de références et de combinaisons. On lui doit des séries de Rébus littéraires : avec leur question-devinette et leurs solutions, entre 2001 et 2006. En 2011, il avait publié Je hais les petites phrases, autre intérêt pour la langue et sa politique. Il n'était pas exclusivement associé à Charlie, puisque, en tant qu'illustrateur, il avait aussi travaillé pour Sud-Ouest, Lire, le Magazine littéraire, Libération ou le Monde.

Le dernier tweet publié mercredi matin par Charlie Hebdo est un dessin de Philippe Honoré, sous la mention «Meilleurs vœux, au fait» : il montre le chef de l'Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, devant un micro, l'index levé, disant : «Et surtout la santé !» Il a été retweeté plus de 20 000 fois.