Au FN, la récup électorale tourne déjà à plein régime. Alors que plus de 3 millions de Français défilaient, Jean-Marie Le Pen n'a pas hésité à profiter d'une réunion militante à Tarascon (Bouches-du-Rhône) autour d'une galette des rois pour confirmer qu'il conduirait la liste du parti d'extrême droite en Paca lors des régionales en fin d'année. A 86 ans, le président d'honneur du FN rempilera donc dans une région où il a été élu pour la première fois en 1992 et où il pourrait l'emporter : «Je suis la meilleure locomotive compte tenu de mes derniers résultats [aux européennes].»
Pas question pour Le Pen de respecter une quelconque trêve en ces temps d'émotion. Au contraire. «Comment cela, il ne serait pas convenable de parler d'élections en cette période ?» a-t-il lancé à Libération pour justifier son tweet appelant à voter pour Marine Le Pen en 2017 et publié vendredi alors que les assauts contre les terroristes n'avaient même pas été lancés. «Je ne suis pas Charlie, je suis Charlie Martel», a même osé l'octogénaire, s'appropriant un slogan des militants du Bloc identitaire. «Tous ces gens marchent avec une pancarte "Je suis Charlie", alors que ce sont des charlots qui sont responsables de la décadence de la France», a ajouté Le Pen père à l'adresse de la classe politique.
Pas un hasard non plus si Marine Le Pen, persona non grata à la manifestation parisienne, a choisi d'aller manifester à Beaucaire (Gard), ville remportée par le FN lors des municipales. Une action qui a rapidement pris des allures de meeting. Acclamée par un millier de personnes aux cris de «Marine», la présidente du FN a lancé du balcon de l'hôtel de ville «merci d'être là pour rappeler les valeurs de liberté». «On est chez nous !» lui ont alors répondu ses supporteurs. Une manière aussi pour elle de se démarquer du cortège parisien où défilaient les principaux dirigeants européens et responsables des partis politiques français (lire ci-contre), autant de représentants de ces «élites» qu'elle ne cesse d'opposer au «vrai peuple» du pays réel.
Un temps évoquée pour être tête de liste en Paca, la députée FN du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen, manifestait, elle, à Montauban (Tarn-et-Garonne), dénonçant sur Twitter «la civilisation française attaquée» et appelant à «l'Etat-nation rempart contre la charia». A Paris, le FN s'est contenté de déposer des fleurs à la préfecture de police en hommage aux policiers tués. «Je voudrais qu'on ne vote pas Le Pen après. Sinon, ils seraient morts pour rien», a déclaré Elsa Wolinski, la fille du dessinateur assassiné dans les locaux de Charlie.