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Libération

Les Verts à l'heure de l'union nationale

Ce matin le bureau exécutif d'Europe Ecologie-les Verts présentait ses vœux à la presse. L'occasion pour le parti d'apparaître soudé et uni derrière Emmanuelle Cosse.
Emmanuelle Cosse lord du conseil fédéral de EE-LV en avril 2014. (Photo Alain Jocard. AFP)
publié le 14 janvier 2015 à 15h40

«Ils ont voulu nous enterrer, ils ne savaient pas que nous étions des graines.» C'est avec ce proverbe mexicain un brin cliché qu'Europe Ecologie-les Verts invitait la presse pour lui formuler ses vœux, ce matin au siège du parti dans le 10e arrondissement de Paris. «L'occasion de présenter les propositions des écologistes pour poursuivre la mobilisation pour la paix, la tolérance et les libertés» détaillait dans son communiqué Julien Bayou, le porte-parole d'EE-LV. Car l'heure était bien à l'union nationale et au rassemblement chez les Verts. Oubliées les dernières charges de la secrétaire nationale contre le Premier ministre Manuel Valls. Emmanuelle Cosse a assuré que le chef du gouvernement et le président de la République, François Hollande, avaient agi «avec humanité» et que leur attitude avait été la bonne après les attaques terroristes de la semaine dernière.

Quand elle dénonce les «gesticulations sécuritaires» et la «tentation de la guerre», ce sont bien la droite et l'extrême droite qui sont visées, explique Emmanuelle Cosse. En toute logique vu les circonstances, pas un mot sur les divisions au sein du parti. Les poids lourds Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé étaient venus pour épauler leur secrétaire nationale et se prêter au jeu de la photo de famille. Même quand la question du gendarme placé en garde à vue ce matin pour avoir lancé la grenade qui a tué Rémi Fraisse, militant contre la construction du barage de Sivens, a été soulevée, la patronne des écolos s'est montrée prudente. «Cela laisse entendre que l'institution judiciaire a une autre lecture de cette affaire que l'institution policière [dont l'enquête avait dédouané les gendarmes, ndlr]», a-t-elle commenté.

Les Verts dans les traces de «Charlie»

Après avoir récité les noms des 17 victimes des attentats, Emmanuelle Cosse, émue, a rappelé les liens qu'entretiennent les écolos avec Charlie Hebdo. Son parti, «marqué par le caractère libertaire hérité de mai 68», était, rappelle-t-elle, très sensible au combat écologique mené par Charlie dès les années 70. Bernard Maris (Oncle Bernard chez Charlie), l'économiste assassiné mercredi dernier dans les locaux de l'hebdomadaire satirique, s'était d'ailleurs présenté aux élections législatives de 2002 sous l'étiquette des Verts. Tandis que Cabu avait dessiné pour eux à plusieurs occasions. L'une de ses planches était exposée derrière Cosse. On y voit Cabu avec un camarade sur un canot de sauvetage au milieu de la banquise, en train de jeter des glaçons dans l'eau. «Il faudra combien de temps pour reconstituer la banquise ?» lui lance, optimiste, son ami. Partout aux murs, des planches de Charlie Hebdo et en plein milieu de la bibliothèque, un recueil des unes du journal, lequel ne manquait pas de se moquer des querelles de chefs au sein du parti écolo, a rappelé Emmanuelle Cosse.

La conseillère régionale d'Ile-de-France a ensuite posé la question qui parcourt la France entière depuis dimanche : «Et maintenant, que faire ?». Elle a exposé les armes avec lesquelles son parti entend y répondre, «l'unité, l'amour de l'autre et la liberté», et espéré que la France réagisse à ces attentats comme a pu le faire la Norvège suite au massacre d'Anders Breivik sur l'île d'Utoya en 2011 : «avec plus de générosité et de démocratie», avait alors déclaré le maire d'Oslo, Fabian Stang. Et la chef des Verts de réaffirmer son opposition à une politique sécuritaire. Le système carcéral français, «la honte de la république», a-t-elle dénoncé, doit être totalement repensé. «Les hommes ne naissent pas terroristes» a-t-elle rappelé, prônant de combattre «l'ignorance, le décrochage scolaire et le chômage» pour s'assurer qu'ils ne le deviennent pas. Les écolos affirment qu'ils veulent faire de «l'égalité, l'intégration et l'éducation» les priorités de la République. Un discours résolument plus tourné vers le social et l'éducatif que celui délivré par Manuel Valls mercredi devant l'Assemblée Nationale.