Entre Cécile Duflot et Emmanuel Macron, le climat vire à l'aigre. La députée EE-LV qui, dans le JDD du 4 janvier, avait déjà dit tout le mal qu'elle pensait du projet de loi sur «la croissance et l'activité» présenté par le ministre de l'Economie, a récidivé par deux fois devant la commission spéciale chargée de l'examiner. Jeudi soir pour protester contre les modifications à la loi Alur que, ministre du Logement, elle avait portée. Vendredi matin pour s'indigner de la tendance du gouvernement à vouloir modifier par ordonnance - et donc en évitant le Parlement - le Code de l'environnement.
«Il est plus facile de décrédibiliser l'émetteur du message que de répondre sur le fond des sujets», a lancé vendredi Duflot, furieuse d'avoir été accusée la veille par Macron d'être dans la «posture». Et la députée d'ajouter que «la posture de ce projet de loi, c'est d'être porté par Bercy depuis des années», jusqu'ici en vain. Passablement agacé et aidé par la réprobation générale, Emmanuel Macron, qui depuis lundi siège non-stop devant les députés «dans une approche constructive», en a perdu sa courtoisie : «Vous pouvez par des excès ou des approximations agiter les peurs. Peut-être venez-vous chercher ici la justification d'une posture finale. Mais ça n'est pas à la hauteur des débats que nous avons avec vos collègues.»
Dans les rangs d'EE-LV, la gêne est palpable. Surpris par l'attaque de Duflot, Denis Baupin tente de relativiser : «Ce qu'elle dit correspond à une partie de nos inquiétudes malgré tout. Elle est plutôt dans le "fight", et moi plutôt dans le compromis. A court terme, son attitude peut crisper les choses dans l'affrontement. Mais, à plus long terme, le rapport de force peut être utile.»