[Actualisé à 20 heures avec la réaction de Jean-Marie Le Pen]
Dans une interview publiée jeudi dans le tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda, réputé pour son sensationnalisme, Jean-Marie Le Pen adopte sans trop de retenue la thèse de la théorie du complot au sujet des attentats de Charlie Hebdo. Alors que la journaliste Daria Aslamova estime qu'il y a «beaucoup de zones d'ombre» dans la version «officielle» de la tuerie, le président honoraire du Front national embraye : «Je suis d'accord avec vous. Cette histoire de carte d'identité oubliée par les frères Kouachi me rappelle le passeport d'un des terroristes du 11 Septembre miraculeusement retrouvé dans un New York en cendres. On nous dit maintenant que ces terroristes sont juste des idiots. Toute l'opération [des frères Kouachi] porte la signature de services secrets. Bien sûr, nous n'avons pas de preuve. Je ne dis pas que les autorités françaises sont derrière ce crime, mais qu'ils ont pu avoir permis qu'il ait lieu.»
«Conquérants»
Avant d'embrayer sur ses classiques… «Chaque année, 300 000 personnes arrivent et ne cherchent pas de travail. Entre 6 et 8 millions de personnes vivent des prestations sociales en France, ce qui suggère que ce n'est pas une immigration de travailleurs mais des conquérants. C'est le résultat de la décadence chrétienne qui touche toute l'Europe. L'Union européenne a interdit les frontières en son sein, et maintenant, au Sud, personne ne nous protège de l'arrivée des centaines de milliers d'immigrés. Cela ressemble à une trahison intra-européenne.»
Quant aux chances de Marine Le Pen à la prochaine élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen estime qu'elles sont réelles mais que sa fille «ne trouvera qu'une France en ruine, dont l'économie bascule irrémédiablement dans l'abîme.» La présidente du Front national donnait ce vendredi une conférence de presse. Interrogée sur les déclarations de son père, elle dit ne pas avoir connaissance de cette interview qui lui paraît bien «étrange»…
Dans l'après-midi, le Front national a publié un communiqué indiquant que Jean-Marie Le Pen ne «valide pas les retraductions en français d'interviews déjà traduites du français en russe».
Joint par Libération en début de soirée, Jean-Marie Le Pen se refuse à parler de «théorie du complot», car «aucune autorité n'a émis une telle théorie». Il accuse les médias d'«extrapoler à partir des innombrables productions du net» et «constate que dès que l'on se pose des questions, quand on ne colle totalement à l'interprétation du gouvernement, on est immédiatement désigné comme adepte de la théorie du complot.»
«Pourquoi ne peut-on pas s'étonner que l'on retrouve la carte d'identité des terroristes dans le véhicule? Pourquoi la surveillance des locaux de Charlie Hebdo a-t-elle été levée? Pourquoi a-t-on arrêté de surveiller M. Coulibaly qui totalise vingt ans de prison (sic)?» s'interroge le président du Front national. Quant à la référence aux services secrets, il ne la nie pas, mais reste vague : «Les tueurs du jihadisme sont membres d'un service secret non? Il y a bien des Etats qui les financent, n'est-ce pas ?»
«Je ne sais pas s'il y a eu une manipulation dans ces attentats mais je peux dire qu'il y a eu une prodigieuse manipulation de la réaction populaire, conclut-il. Si complot il y a, c'est un complot post-attentat, un complot de récupération pour faire remonter la côte du PS ainsi que celles de M. Valls et de M. Hollande.»