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Libération
EDITORIAL

Réplique

publié le 18 janvier 2015 à 20h16

On disait qu’il n’était pas président. De l’avis général, François Hollande a tenu son rôle avec efficacité et dignité. Elle disait qu’elle était présidentiable. Elle a tenu des discours brouillons et joué les martyrs quand personne ne voulait la martyriser, allant d’invective en imprécation, refusant de désavouer les propos surréalistes de son père, montrant par là même qu’elle n’a décidément pas l’étoffe de la fonction.

Les crises révèlent toujours les caractères. Celui de Marine Le Pen, au cœur de l'action, la ramène à sa vraie nature : une démagogue forte en gueule bien incapable de gouverner. Prenant prétexte de déclarations maladroites, elle a refusé de se joindre à une manifestation historique, alors que les organisateurs avaient dit haut et fort «vient qui veut». Elle est allée défiler piteusement loin de Paris, en traitant 2 millions de citoyens venus dire à la République leur attachement aux valeurs démocratiques de membres de «l'établissement». Depuis, elle répète son catéchisme anti-immigration, incapable - de l'aveu même des siens - de reprendre la main dans le débat public. On aurait pourtant grand tort d'en déduire que le Front national pâtira de la crise. Sa présidente n'en sort pas grandie ? Elle n'en a cure. Elle dispose d'alliés sûrs et acharnés, qui ne cessent de pousser vers elle les électeurs : les terroristes islamistes. Leur cruauté opiniâtre effraie l'opinion, entache l'islam pacifique de l'immense majorité des musulmans et jette une injuste suspicion sur la jeunesse des banlieues. En temps de crise, la stratégie du bouc émissaire est souvent payante. Isoler les islamistes de l'islam, tisser une alliance avec les religions qui respectent la laïcité : c'est la seule réplique possible pour les républicains.