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Libération

Les ex-Premiers ministres UMP contre le retour du service national

10 ans après l'attentat contre Charlie Hebdodossier
Juppé, Raffarin et Fillon jugent cette idée irréaliste. Sarkozy propose qu'une commission y réfléchisse.
Alain Juppé à la sortie du déjeuner qui a réuni des anciens Premiers ministres de droite avec Nicolas Sarkozy. (Photo Eric Fefferberg. AFP)
publié le 20 janvier 2015 à 19h09

Ressortir le bon vieux service militaire pour restaurer un minimum de cohésion nationale ? Plusieurs parlementaires, surtout à droite, sont séduits par cette proposition qui a le mérite de la simplicité, à défaut d’être réaliste.

L'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand a lancé le débat dimanche, dans le Parisien, en annonçant qu'il déposerait une proposition de loi pour un retour d'un «service national» obligatoire pour les garçons comme pour les filles. D'une durée de trois mois, il serait encadré par d'anciens militaires et réservistes et non plus par les officiers et sous-officiers d'active. Le député-maire de Saint-Quentin y voit un moyen de «redonner un sentiment d'appartenance et de permettre d'abolir les appartenances politiques, religieuses et sociales». Selon lui, cette coûteuse innovation (1,5 milliard d'euros) peut être financée par la réduction des dépenses publiques. D'autres ex-ministres UMP de la même génération, comme François Baroin ou Bruno Le Maire, se disent séduits par cette idée. Mais ils se gardent bien de se prononcer plus précisément sur le caractère militaire ou civil de ce nouveau service national.

«Suspendu»

Réunis mardi pour un déjeuner autour de Nicolas Sarkozy, les anciens Premiers ministres de droite, eux, sont clairement opposés à l'option militaire. Jean-Pierre Raffarin fait valoir que la «haute technicité» du combat moderne est incompatible avec la conscription. François Fillon et Alain Juppé pointent, eux aussi, le caractère simpliste et illusoire d'une restauration du service national, «suspendu» par Jacques Chirac en mai 1996. Dans l'entourage du maire de Bordeaux, Premier ministre qui fit voter cette décision, on rappelle que le service militaire n'avait plus rien, dans les années 90, du creuset social où devrait se forger la citoyenneté. Fillon, lui, souligne que «c'est d'abord à l'école que la bataille des valeurs doit être gagnée». A vingt ans, il est déjà largement trop tard, comme le démontre le parcours des jeunes radicalisés.

Nicolas Sarkozy s'est prudemment abstenu de se prononcer pour ou contre un nouveau service militaire. Avec les spécialistes des questions de défenses de l'UMP, il a mis au point lundi soir un catalogue de propositions «indispensables à la sécurité de notre pays» pour «préserver l'outil militaire face à la menace terroriste». Pour faire face au «délitement du sentiment d'appartenance à la République», l'UMP suggère la constitution d'une «commission transpartisane qui devra réfléchir à la création d'un service civique de défense aux côtés du service civique civil».

Après son élection en 2007, Sarkozy avait créé, conformément à sa promesse de campagne, un service civique réservé aux volontaires. Sa mise en œuvre avait été confiée à Martin Hirsch, alors haut-commissaire à la Jeunesse. Mardi matin, François Hollande s'est prononcé pour un développement de ce dispositif qui ne concerne que 40 000 jeunes, soit un cinquième des candidatures. Le chef de l'Etat souhaite que «tous les volontaires pour le service civique» puissent être accueillis d'ici à 2017.