Dans le petit monde de Solférino, c’est une info qui va faire causer dans les sections socialistes, à cinq mois du congrès de Poitiers : les amis de Martine Aubry ne signeront pas la contribution générale proposée par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Puisqu’ils ont le droit de signer deux textes, ils parapheront le leur et un autre de leur choix. A titre d’exemple : le plus fidèle des aubrystes, François Lamy, signera la contribution des «amis de Martine Aubry» et celle de la fédération du Nord, sa nouvelle terre d’adoption. De là à penser que la maire de Lille fera le même choix…
Pourquoi refuser de signer celle de «Camba» ? Pour le pousser à négocier. Sur la route de Poitiers, les socialistes doivent d’abord rédiger des contributions (avant le 7 février), puis passer à la phase plus sérieuse des motions (dépôt des textes le 11 avril). C’est sur ces textes d’orientation que se prononceront les militants le 21 mai. Une semaine plus tard, les premiers signataires des deux motions arrivées en tête seront départagés pour la place de premier secrétaire.
Or, le premier secrétaire sortant, soutenu par le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, veut rassembler le plus de monde possible au sein d'une «grande motion», allant des amis de Martine Aubry à ceux de Manuel Valls, en passant par les plus fidèles de François Hollande. Pour réussir ce grand écart, Cambadélis devra prendre en compte ceux qui estiment être au diapason des militants loyaux mais critiques : «Il veut un congrès utile ? Alors il doit l'être pour les citoyens. Pas seulement pour les socialistes, prévient l'un de leurs responsables. Nous allons demander à ce que plusieurs points importants de notre contribution, non négociables, se retrouvent dans cette motion.» L'objectif, «que ce texte engage ensuite les socialistes à traduire en politiques publiques, et notamment dans le budget, ces orientations». Pousser le PS à pousser le gouvernement à changer de politique… Le bras de fer avec les amis de Valls et ceux de Hollande ne fait que commencer.