Pour quelques heures encore, Ajaccio est une ville sans maire. La préfecture de la Corse-du-Sud est gérée par une délégation spéciale depuis l'annulation en octobre des municipales de mars par le tribunal administratif de Bastia en raison de «manœuvres frauduleuses dans l'établissement des procurations». Dimanche, les Ajacciens retournent aux urnes pour déterminer qui de Simon Renucci (divers gauche) ou de Laurent Marcangeli (UMP) sera leur édile, le premier tour ayant donné un avantage de 15 points au candidat de droite, celui-là même qui est suspecté d'avoir triché. Durant l'entre deux tours en mars, le maire sortant, Renucci, avait saisi la justice, avant de perdre face à Marcangeli à 281 voix près. Des différents griefs énoncés par le perdant, le tribunal administratif n'a retenu que celui portant sur les irrégularités autour des procurations, sans pour autant «déterminer quels étaient les auteurs des manœuvres et leurs bénéficiaires».
Le député-maire (UMP) Laurent Marcangeli et son conseil municipal avaient alors démissionné, ne souhaitant pas faire appel de la décision de justice et se disant confiants quant aux suites politico-judiciaires. Au pénal, une procédure menée par deux juges d’instruction est toujours en cours. Pas moins de 2 000 personnes ont été entendues dans cette enquête, dont l’issue sera connue bien après l’élection de dimanche.
C'est dans ce climat délétère que la campagne éclair s'est déroulée, ponctuée par des tracts anonymes visant Marcangeli, des débats houleux sur fond d'annulation du plan local d'urbanisme de la ville. Renucci et ses colistiers ont fait campagne sur la «chasse aux fraudeurs», une stratégie peu fructueuse, puisque le candidat de gauche a perdu 9 points par rapport au premier tour de 2014. «Nous avons souffert de l'abstention, ainsi que de la dispersion de la gauche», explique Renucci, qui n'a pas réussi à faire alliance avec la liste de son ex-adjoint François Casasoprana. Seuls les indépendantistes de Corsica Libera ont rejoint ses rangs. Fort de son avance, Marcangeli se dit «confiant bien que prudent».