La façon dont Emmanuel Macron espérait prendre ses aises avec le calendrier parlementaire n'a pas été du goût de Marylise Lebranchu. Constatant le retard pris par l'Assemblée nationale dans l'examen de son projet de loi sur «la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques», le ministre de l'Economie comptait sur le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, pour que lui soit accordée une semaine de débats supplémentaire. Et l'intéressé semblait convaincu, qui lundi soir se disait prêt à la lui accorder. L'ennui c'est que ce prolongement faisait une victime collatérale: le projet de loi «Notre» sur la réforme territoriale, sous pilotage de la ministre de la Décentralisation.
Furieuse, Lebranchu a volé dans les plumes de son collègue de l'Economie puis sollicité l'Elysée et Matignon pour arbitrage. Mardi matin, Manuel Valls lui a donné raison. C'est que le Premier ministre, comme le président de la République, veulent impérativement que la première lecture — devant l'Assemblée puis le Sénat — de ces deux textes (Macron et Notre) soit achevée avant le premier tour des élections départementales (ex-cantonales), le 22 mars. «L'entourage de Macron préconisait le renvoi de notre loi après les cantonales, ce qui était une aberration!» s'indigne-t-on dans l'entourage de Lebranchu.
Matignon s'est donc fendu d'un petit rappel à l'ordre du locataire de Bercy: Macron a finalement jusqu'au 23 février, dernier carat, pour faire passer sa loi devant députés et sénateurs. Ce qui interdit de laisser les débats s'éterniser une semaine entière de plus à l'Assemblée. Arguant du retard pris dans l'examen de son projet de loi (les députés n'ont à ce jour débattu que de 13 articles sur les 208 que compte le texte ) comme de son désir de dialoguer «pour mieux convaincre», Emmanuel Macron a toutefois obtenu un aménagement calendaire. A l'issue d'une conférence des présidents de l'Assemblée inhabituellement longue, décision a été prise de lui accorder une semaine de plus mais amputée du mardi et mercredi toute la journée et du jeudi avant 21h30. Autant de jours consacrés à «d'autres sujets»...