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Libération

Les projets sans surprise de l’Elysée

Service civique, réserve citoyenne, laïcité… Tour d’horizon des mesures annoncées.
François Hollande quitte l'Elysée pour rejoindre Kiev, le 5 février 2015 à Paris (Photo Alain Jocard. AFP)
publié le 5 février 2015 à 20h16

François Hollande n’aura pas créé de grandes surprises dans ses différentes annonces. Tout ou presque avait déjà été évoqué, soit par ses ministres, soit par son entourage. Passage en revue.

Le service civique universel

Le thème de la jeunesse a été présent en filigrane tout au long de l'intervention de François Hollande qui a notamment annoncé la création d'un service civique universel. Il ne sera pas obligatoire mais tout demandeur aura vocation à être admis. «Tout jeune qui se présentera à partir du 1er juin de cette année pourra faire un service civique», a souligné le chef de l'Etat. Ce qui veut dire que les collectivités territoriales, les administrations ou encore les associations vont devoir s'organiser en quatre mois, pour être en mesure recevoir tous les jeunes qui se porteront candidats. Aujourd'hui, victime de son succès, le service civique est saturé : trois demandes sur quatre ne peuvent pas être satisfaites. François Hollande a évoqué un service d'une durée de huit mois, qui concernerait 150 000 à 160 000 jeunes en continu. En revanche, il n'a pas cherché à détailler le financement d'une mesure chiffrée autour de 650 millions d'euros.

La réserve citoyenne

Le Président en avait déjà touché un mot lors de ses vœux à la communauté éducative le 20 janvier : il souhaite mettre sur pied «une réserve citoyenne», composée de personnes de la société civile qui viendraient prêter main-forte, bénévolement, dans les services publics, et notamment dans l'enceinte de l'école. Quand il en a parlé pour la première fois fin janvier, il n'avait pas été très clair sur la mission exacte de ces réservistes, ni sur leur profil. Il ne l'a pas été beaucoup plus hier. «Je propose la création d'une réserve citoyenne pour tous les Français, tous ceux qui veulent participer à l'élan collectif», s'est-il contenté de dire.

Le service militaire adapté

Le service militaire adapté (SMA) est un dispositif d'insertion des jeunes confié aux armées, qui ne fonctionne qu'outre-mer, où il accueille 5 000 jeunes. Il sera dorénavant expérimenté en métropole. Hollande a évoqué la création de trois centres. «Nous verrons les lieux où nous pouvons les disposer, pour que nous puissions en tirer tous les enseignements», a-t-il indiqué.

Une agence de développement économique

S'inspirant de l'Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) qui, depuis plus d'une dizaine d'années, a permis une transformation en profondeur des quartiers de la politique de la ville, François Hollande veut créer une Agence nationale de développement économique des territoires. Elle «sera mise en place le plus rapidement possible, les fonds existent, pas besoin d'en rajouter» , a-t-il dit, précisant que les financements viendraient de Banque publique d'investissements et la Caisse des dépôts. L'objectif de l'agence est de susciter la création d'entreprise. «Il y a plein de dispositifs qui existent» , a admis le chef de l'Etat. Dans les quartiers de la politique de la ville, il y a par exemple les zones franches urbaines (ZFU) qui permettent aux petites entreprises (de 50 salariés au plus) qui s'installent dans ces territoires de bénéficier d'exonérations fiscales et sociales, à condition de réserver au moins d'un tiers des embauches aux habitants venant de ces quartiers. Problème : ces dispositifs se superposent. «Ça s'accumulait et on n'y voyait plus clair», a estimé Hollande.

Le logement social

Contre les concentrations de pauvreté, rééquilibrer le logement social. Hollande veut agir sur les concentrations de pauvreté dans certaines zones en s'attaquant à la géographie très inégalitaire du logement social (54% à Nanterre, moins de 5% à Neuilly-sur-Seine, commune voisine). «Nous devons faire en sorte que la loi SRU soit strictement appliquée, que des communes ne puissent pas s'en dégager et, s'il le faut, les sanctions seront renforcées, le pouvoir des préfets sera lui-même conforté pour prendre les décisions en matière de construction de logements», a déclaré le Président. Sauf que ces dispositions ont déjà été prises l'an dernier dans la loi Alur de Cécile Dufflot. Elle a permis de multiplier par cinq les amendes initialement prévues par la loi SRU lorsque les communes ne respectent pas leurs obligations. Elle a également fait passer l'obligation de 20% de logements sociaux par communes à 25% pour les très grandes villes. Il a par ailleurs pointé les bailleurs sociaux, qu'il estime«trop nombreux». «Trop de bailleurs sociaux s'arrangent pour que ce soit toujours dans les mêmes endroits qu'on mette les populations les plus difficiles.» Même si les bailleurs sociaux ne sont pas les seuls décisionnaires des attributions de logements.

L’école

«Notre responsabilité, c'est de promouvoir l'école de la République. Elle ne protège pas les enfants de tous les maux, mais c'est notre meilleure arme», a déclaré Hollande. Concrètement, rien de bien neuf. Il a évoqué une meilleure formation des professeurs puis énuméré les chantiers de la «nouvelle étape de la refondation de l'école» : la maîtrise du français dès la maternelle, de nouveaux moyens pour lutter contre le décrochage scolaire, une formation «améliorée et renforcée» des enseignants, un plan sur le numérique, présent de l'élémentaire à la terminale, avec des «diplômes correspondants». Et pour finir une «revalorisation» des lycées professionnels, sans donner plus de détails.

Islam de France et laïcité

François Hollande a expliqué avoir demander au ministre de l'Intérieur de «travailler pour améliorer la réprésentativté du CFM, mais aussi de travailler à des question précises», citant «la sécurité des mosquées et la formation des imams, des aumôniers et la lutte contre la radicalisation». Il a également longuement tenté d'expliquer sa conception de la laïcité. «La laïcité n'est pas négociable car elle nous permet de vivre ensemble. Elle doit être comprise pour ce qu'elle est : la liberté de conscience et donc la liberté des religions. Ce sont des valeurs et des règles de droit qui consistent à protéger ce qui nous est commun mais aussi ce qui nous est singulier. C'est une garantie pour la France contre les intolérances.»

Dialogue social : après l’échec de la négociation, il y aura bien une loi

Après l'échec de la négociation des partenaires sociaux, le 22 janvier, sur la réforme dialogue social, le Président a confirmé, jeudi, sa volonté d'en passer par la loi. «Quand les discussions n'aboutissent pas, c'est à l'Etat de reprendre la main, il va le faire» , a expliqué Hollande. Un texte devrait être «présenté» après la réunion des syndicats et du patronat à Matignon le 19 février, et sera examiné «avant l'été» par le Parlement, selon le ministre du Travail, François Rebsamen.