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Hamon, Guaino et Pécresse voteront contre la loi Macron

Le député PS regrette des mesures «problématiques», comme celles sur le travail dominical. À droite, on fustige une loi de «mesurettes».
L'ancien ministre et député socialiste Benoît Hamon à l'Assemblée nationale le 2 décembre 2014. (Photo Dominique Faget. AFP)
publié le 17 février 2015 à 8h32
(mis à jour le 17 février 2015 à 8h58)

L'ancien ministre PS Benoît Hamon, «en conviction», va voter mardi contre le projet de loi sur la croissance et l'activité du ministre Emmanuel Macron, addition selon lui de «mesures extrêmement utiles» et d'autres «problématiques» comme celles sur le travail dominical.

«En conscience, j'ai accepté d'être au gouvernement, notamment celui de Manuel Valls, parce que je croyais qu'il fallait restaurer l'autorité de la puissance publique. Je l'ai quitté parce que j'avais un désaccord sur les questions économiques. Je me suis abstenu sur le budget parce que je pensais que nous prenions le risque justement de diminuer la capacité de l'Etat à pouvoir réguler l'ordre économique. Pour la même raison, en conviction, aujourd'hui je vote contre la loi Macron», a-t-il déclaré sur France Inter.

Le texte, qui doit être approuvé dans l'après-midi à l'Assemblée nationale par les députés en première lecture – un vote par ailleurs attendu sans grande appréhension par le gouvernement –, «fait coexister des mesures extrêmement utiles de lutte contre la rente et de mesures que je crois beaucoup plus problématiques», a argumenté Benoît Hamon. Et le député des Yvelines de citer «l'extension des exceptions au repos dominical», et plus encore l'absence «de seuil, de plancher de majoration de l'heure travaillée le dimanche», comme il l'avait proposé.

Autre mesure critiquée, «nous allons accorder des avantages fiscaux aux cadres dirigeants des entreprises qui bénéficient de distribution d'actions gratuites. Le coût : 500 millions d'euros. A un moment où les entreprises du CAC 40 viennent de distribuer un record de dividendes, 56 milliards d'euros, ce qui nous ramène au niveau de 2007, pour elles la crise est effacée. Cette mesure était-elle urgente ? Je ne le crois pas».

A l'instar de l'ancien ministre de l'Education, les opposants au projet de loi Macron lui accordent parfois quelques articles ou «mesurettes» qui méritent de s'y arrêter. Mais d'autres fustigent un projet de loi sans ambition, bien loin de la «réforme de structure» nécessaire au pays pour «redynamiser la croissance». La formule est signée Christian Jacob : «Cette loi était faite pour redynamiser la croissance. Apporte-t-elle une réponse dans ce domaine ? Absolument pas. Qui sérieusement va croire qu'on va retrouver des points de croissance en rajoutant cinq, six ou sept dimanches travaillés dans l'année ? C'est d'un ridicule absolu, personne n'y croit un instant», a déclaré le président du groupe UMP à l'Assemblée sur RTL.

Les députés UMP voteront contre

Selon Christian Jacob, seulement quelques députés UMP pourraient approuver ce texte. Henri Guaino n'en fera sans doute pas partie. Lundi, le député UMP a dénoncé un projet qui s'inscrit selon lui dans une «entreprise de démolition totale de tout l'ordre social, républicain et économique» en cours depuis 2012, comprendre l'élection de François Hollande et la défaite de Nicolas Sarkozy, dont il fut conseiller spécial. «Tout ça a commencé avec la loi sur le mariage [pour tous, ndlr] faite n'importe comment et depuis, on ne cesse de mettre du désordre, on ne cesse de détruire, on ne cesse de casser», a-t-il justifié sur France 2.

Hormis «quelques articles qui méritent sans doute un peu plus d'indulgence, sur la simplification de la vie des entrepreneurs, les prud'hommes, l'actionnariat salarié», Guaino a tiré à boulets rouges sur le projet de loi, tout comme l'ancienne ministre UMP Valérie Pécresse, qui, elle, a jugé d'«intérêt général» de voter contre ce projet de loi.

La députée des Yvelines était pourtant «très ouverte» avant l'examen de ce texte, dit-elle. Mais «on ne peut pas cautionner une loi qui enfile toute une série de mesurettes, alors qu'il faudrait une thérapie de choc pour le pays, qui, sur les professions réglementées, est une formidable occasion manquée de déjudiciariser la société et d'organiser la baisse des prix dans une logique gagnant-gagnant», a-t-elle dit.