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Libération
EDITORIAL

Béquille

Valls évite la censuredossier
publié le 17 février 2015 à 20h56

C'est un fait : sur une ligne social-libérale, le gouvernement n'a plus de majorité. Pas assez à droite pour la droite, pas assez à gauche pour la gauche… Du coup, la loi Macron a fait converger des oppositions parfaitement contradictoires qui rendaient son adoption très incertaine. Sauf accident extraordinaire, la loi passera quand même : François Hollande et Manuel Valls ont sorti l'arme fatale, cet article 49.3 qui est la béquille des gouvernements minoritaires. Atteinte à l'esprit démocratique ? Oui, si l'on considère que la Ve République donne trop de poids à l'exécutif et qu'il faut d'urgence passer à un régime parlementaire. Non, si l'on s'en tient à la Constitution, selon laquelle seule une majorité clairement exprimée par le vote d'un texte de censure commun peut renverser un gouvernement. Et surtout, il n'est pas certain que l'équipe Valls, en l'occurrence, aille contre la volonté du peuple. Même si les dispositions sur le travail du dimanche ou sur les plans sociaux prêtent à controverse, la libéralisation prudente des professions protégées ou la simplification du permis de conduire, entre autres, paraissent des mesures de bon sens. Les sondages effectués sur le texte montrent d'ailleurs qu'une majorité de Français l'approuvent, aussi bien à gauche qu'à droite. Le gouvernement est affaibli dans le jeu parlementaire. Il se prévaudra auprès de l'opinion de sa volonté de réformer, même contre l'avis de sa majorité… Ainsi, à tort ou à raison, l'opinion se montre plus réformatrice que ses élus. Faut-il vraiment s'en plaindre ?