Si Marine Le Pen a fait de Jeanne une tête de pont financière sans équivalent, la présidente du FN est loin d'être la seule responsable à avoir créé son microparti. Il en existe plusieurs centaines en France. Le phénomène n'a rien de nouveau : dès son premier rapport d'activités, en 1993, la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) soulignait déjà «l'engouement pour la création de nouvelles organisations», soucieuses de bénéficier du financement public.
Obligations. A coté des partis traditionnels, disposant d'une organisation centralisée et d'un maillage territorial, prospère donc une kyrielle d'autres structures dont la fonction peut être d'agir sur un territoire donné, de développer la stratégie d'un candidat ou de servir de plateforme de financement, comme dans le cas de Jeanne. En effet, les dons aux partis traditionnels sont plafonnés. Multiplier les microstructures multiplie d'autant les sources de financement.
Elles restent soumises aux mêmes règles que les partis régis par la loi de 1988, notamment au regard de leurs obligations comptables : un trésorier, un mandataire, des comptes validés par deux commissaires aux comptes et déposés chaque année à la CNCCFP. Dans la galaxie frontiste, Jeanne n’est pas la première structure de financement de ce type. Avant sa fille, Jean-Marie Le Pen disposait lui aussi de son propre microparti, baptisé Cotelec (pour «cotisation électorale»). Créée en 1988 et toujours active, la structure fonctionne comme une minibanque : elle récolte des dons, emprunte de l’argent et accorde des prêts. Un dispositif qui lui a permis de participer à la plupart des campagnes frontistes ces dernières années, locales et nationales.
Intérêts dus. Lors de la présidentielle 2012, Cotelec a ainsi prêté 4,515 millions d'euros à la campagne de Marine Le Pen. Mais les intérêts dus, 319 453 euros, n'ont pas été remboursés par l'Etat. Leur taux, 7%, a été jugé trop élevé par la CNCCFP.