Certains fournisseurs du Front national ont-ils abusé de la générosité publique, surfacturant des «kits de campagne» remboursés in fine par l'Etat ? Le microparti mariniste, Jeanne, s'est-il montré trop gourmand, en finançant les candidats frontistes aux législatives de 2012 en leur accordant des prêts au taux rondelet de 6,5% ? Le dossier consacré à ce sujet par Libération, jeudi, a fait réagir Marine Le Pen… sous la forme d'une plainte contre le journal, dont la présidente du FN n'a pas précisé l'objet exact. Interrogé plus tard par l'AFP, l'avocat du parti, Wallerand de Saint-Just, a quant à lui déclaré procéder à «l'examen très attentif des possibilités d'une procédure au fond».
Interrogée sur Radio classique, Marine Le Pen a nié que l'achat du fameux kit ait été obligatoire pour les candidats du FN. Et a ajouté : «Si vous demandez un financement, il est assez légitime que Jeanne se pose la question de savoir si ce financement va bien servir à mener une campagne, et pas à acheter une voiture ou faire autre chose.» Un document distribué aux responsables locaux du FN lors des législatives de 2012, que Libération a pu consulter, dit pourtant autre chose : noir sur blanc, l'achat du kit y est bien présenté comme une condition préalable à toute candidature - l'emprunt auprès de Jeanne étant, lui, optionnel.
«Il n'y a aucun doute à avoir, le Front national n'a rien à se reprocher», a pourtant conclu la présidente du parti. Une affirmation dont on ne sait pas si elle concernait également Frédéric Chatillon : ami de Marine Le Pen et prestataire majeur du FN, cet ancien patron du Gud - syndicat étudiant d'extrême droite connu pour ses actions violentes - a été mis en examen fin janvier pour «escroquerie», «faux et usage de faux», «abus de bien social» et «blanchiment d'abus de bien social».