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Libération
Récit

Départementales : contre le FN, Valls sur les routes

A trois semaines du scrutin, le Premier ministre tente de mobiliser sur un scrutin qui s'annonce à hauts risques pour le PS.
Manuel Valls, le 19 février à l'Assemblée. (Photo Martin Bureau. AFP)
publié le 26 février 2015 à 11h16

Ne surtout pas insulter l'avenir. Avant d'entamer son mini-tour de France électoral jeudi soir, Manuel Valls a résumé en une formule la stratégie socialiste pour les départementales à trois semaines du premier tour. «Nous menons une campagne nationale très nette, une campagne contre le Front national», a insisté le Premier ministre sur RMC et BFM TV. S'en suit un exposé pédagogique sur les attributions des départements et un appel à la mobilisation. Mais... pas un seul mot de l'UMP, qui s'apprête pourtant à rafler un nombre considérable de départements fin mars.

C'est que le scrutin se joue en réalité en trois tours et que le PS aura grand besoin de la droite quand viendra le temps de l'élection des présidents de conseils généraux. Où il faudra espérer un réflexe républicain de l'UMP dans les départements où le Front national sera en position de l'emporter. Et s'il faut s'allier, mieux vaut ménager, une ligne qui s'était esquissée début février entre les deux tours de la législative partielle du Doubs. Une partie de l'état-major socialiste avait alors choisi de ne pas agonir l'UMP aux prises avec son «ni FN ni PS» démocratiquement embarrassant. «On va avoir besoin d'eux bientôt», expliquait alors un ténor du parti, les yeux braqués sur les départementales.

Une dizaine de départements sans majorité ?

Si Nicolas Sarkozy a promis que, lui vivant, il n'y aurait aucun accord avec le Front national, les socialistes se souviennent trop bien des régionales de 1998. Certains membres de la majorité de droite s'étaient affranchis des consignes pourtant très strictes de Jacques Chirac contre les «renégats» tentés de se faire élire présidents de conseil régional avec les voix du FN. Cinq régions de droite avaient alors composé des majorités avec frontistes. Jeudi, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis en a rajouté une couche, attaquant le FN, un «parti légal mais pas républicain», soulignant en creux le rapprochement possible avec toutes les autres formations. Au soir du 29 mars, une dizaine de départements n'auront aucune majorité, selon le décompte d'un proche de François Hollande. Ce qui promet une bataille du troisième tour acharnée.

Élections départementales : les bascules possibles

Persuadé que Jean-Marc Ayrault s'est fourvoyé en faisant des municipales de l'an dernier un scrutin local dont le gouvernement ne devait pas se mêler, Manuel Valls a l'intention de «nationaliser» l'enjeu. Et de mouiller la chemise. A Matignon, on estime que son double déplacement dans le Doubs pour soutenir le successeur de Pierre Moscovici a contribué à la mobilisation de la gauche et à sa victoire sur le fil contre le FN. D'où un plan de vol chargé pour les trois semaines qui viennent et neuf déplacements de terrain: Carcassonne jeudi soir, Rennes vendredi, avant la Haute-Vienne la semaine prochaine, les Pyrénées-Orientales… Sur la carte de France, cette tournée prend les chemins des «départements tangents et des amis», reconnaît un proche du Premier ministre, qui entend mettre en avant ces élus légitimistes qui en ont gros sur la patate après le fiasco parlementaire du 49.3 sur la loi Macron.

«C'est une bataille politique, a souligné Manuel Valls jeudi. Il faut savoir ce que nous voulons. Est-ce que nous voulons le FN partout au second tour ? Est-ce que nous voulons que la gauche soit éliminée ? Non.» Les pointages socialistes oscillent entre vingt et trente départements toujours en rose le 29 mars. Les plus pessimistes parlent de 18, soit une division par trois du nombre de conseils généraux tenus par la gauche. «Il y aura des bilans, la gauche dirige deux tiers des départements, a reconnu Manuel Valls. Mais je ne pars jamais battu.»