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Libération

Contre «l'apartheid», Valls insiste sur le logement

Le Premier ministre a présenté ce vendredi au terme d'un comité interministériel une batterie de mesures pour favoriser la mixité sociale, sur le logement, les quartiers et l'école.

Conférence de presse de Manuel Valls à l' issue du comité interministériel, vendredi. (Photo Sébastien Calvet)
Publié le 06/03/2015 à 19h52

Deux mois après avoir dénoncé l'existence d'un «apartheid territorial, social et ethnique» en France, Manuel Valls a une nouvelle fois assumé cette expression qui traduit selon lui «une réalité, ce sentiment de relégation dont souffrent beaucoup de nos concitoyens». Le Premier ministre a ainsi présenté ce vendredi, au terme d'un comité interministériel «Égalité, citoyenneté, la République en actes», des mesures pour favoriser la mixité sociale sur les quartiers, l'école et surtout le logement. Les plus grandes mesures portent sur la construction et le logement social : un chantier à un milliard d'euros selon le Premier ministre.

HLM

Comme prévu, Manuel Valls a surtout insisté sur la politique du logement avec une priorité : la construction de logements sociaux dans les villes qui ne respectent pas la loi SRU (Solidarité et rénovation urbaine), imposant la construction de 25% d’HLM aux communes de plus de 1 500 habitants en Ile-de-France et de 3 500 habitants ailleurs. Les préfets pourraient donc être saisis pour faire respecter cette loi. Ils disposeront de pouvoirs pour délivrer des permis de construire au nom de 215 communes identifiées comme ne respectant pas le quota minimum légal.

À l'inverse, «des instructions seront données aux préfets pour limiter la construction de logements sociaux dans les 1 500 quartiers prioritaires de la politique de la ville dès lors que le taux de logement social y dépassera 50%», précise Matignon. Et pour ne pas recréer de ghettos, les logements sociaux détruits devront être reconstruits en priorité en dehors des quartiers sensibles. Un délégué interministériel, Thierry Repentin, va être nommé pour coordonner ce processus, a indiqué Manuel Valls.

Autre mesure annoncée ce vendredi : les bénéficiaires les plus pauvres du droit au logement opposable (Dalo) n'iront plus dans les 1 500 quartiers les plus pauvres de France. Objectif : «Arrêter d'ajouter de la pauvreté à la pauvreté», a expliqué Manuel Valls.

Enfin, pour favoriser la mixité dans les logements sociaux, les bailleurs pourront moduler les loyers en fonction des revenus du ménage et non plus selon le financement que le logement a reçu à l’origine. Un loyer pourra donc être minoré dans une zone favorisée, et pour s’y retrouver, le bailleur sera autorisé à pratiquer un loyer plus élevé dans un autre secteur.

Coût total de ces mesures selon le Premier ministre : «autour d'un milliard d'euros» pour les trois prochaines années.

Des mesures pour l’éducation

Aux côtés du Premier ministre, la ministre de l'Éducation nationale a également dévoilé des mesures spécifiques. De nouveaux secteurs de recrutement des collèges seront définis dans le cadre de la réforme de la carte scolaire. Objectif : regrouper plusieurs établissements et favoriser ainsi une meilleure mixité sociale. L'avancement des enseignants devrait être «facilité» pour ceux qui auront travaillé dans des quartiers sensibles. Najat Vallaud-Belkacem a également affiché l'objectif de scolariser, d'ici 2017, 50% des enfants de moins de trois ans dans les zones d'éducation ultra-prioritaires.

Des offres de formation courte au numérique seront mises en place dans les quartiers sensibles, avec à la clé un label «grande école du numérique». L'apprentissage du français doit être renforcé en maternelle et en primaire avec de nouveaux programmes. Les «parcours d'apprentissage» du français pour les immigrés doivent être améliorés.

Les associations intervenant dans les quartiers sensibles (culturelles ou sportives notamment) se verront dotées de 100 millions d’euros supplémentaires, ce qui rétablira les crédits supprimés entre 2008-2012.

Pour ne pas oublier le milieu rural, le gouvernement se réunira à nouveau vendredi prochain pour un comité sur la ruralité à Laon, dans l’Aisne, là où Marine Le Pen avait réalisé son meilleur score (40%) aux Européennes de mai 2014.