INTOX. C'était l'une de ses promesses de campagne. Depuis le 1er février, Robert Ménard a mis à disposition des policiers municipaux de Béziers des pistolets semi-automatiques. Et l'a fait savoir, dans une campagne publicitaire du meilleur goût. Le maire d'extrême droite a une nouvelle fois défendu son «nouvel ami» ce vendredi au Talk Orange-Le Figaro. Distribuer des armes à feu aux agents de la police municipale comme il l'a fait au début de l'année n'aurait, selon lui, rien d'exceptionnel. Ce serait même la règle, avance-t-il. «Cette police municipale est armée ?», lui demande Yves Thréard, journaliste au Figaro qui anime l'interview quotidienne. «Mais bien sûr, comme dans 90% des villes en France. Simplement moi quand j'arme la police municipale, d'un coup, ça apparaît comme un problème.»
Revoir l'extrait à partir de 05'43'' :
DÉSINTOX. Les policiers municipaux, armés jusqu'aux dents ? Robert Ménard s'égare. Tous les agents de police municipale ne patrouillent pas avec un 7.65 à la ceinture comme à Béziers, loin de là.
Et c'est le ministère de l'Intérieur qui le dit. Dans une réponse à une question du député UMP Lionel Tardy, publiée le 30 septembre dernier au Journal Officiel, la place Beauvau a révélé une série de chiffres sur l'armement des policiers municipaux, repris ensuite dans un document de novembre 2014. Qu'en ressort-il ? Que sur les 19 925 policiers municipaux que comptait la France en 2013, 16 349, soit 82% d'entre eux, étaient armés. Pas de quoi cependant donner raison à Robert Ménard. Les armes à feu ne sont pas les plus répandues. Seulement 7 815 agents municipaux en étaient dotés cette année-là, soit 4 sur 10 (et non 9 sur 10 comme le maire de Béziers le prétend).
La quasi-totalité des effectifs (16 078 policiers) possédait en revanche une arme de catégorie D (la moins dangereuse des quatre catégories selon un classement établi en 2013), essentiellement des matraques télescopiques et des tonfas, des matraques avec une poignée latérale. Des armes non létales, détaillées dans l'article R511.12 du code de la sécurité intérieure.
«Chaque agent peut être armé d'une ou de plusieurs armes», précise le ministère de l'Intérieur dans le document de novembre dernier. L'agent de police municipal peut ainsi être doté d'une matraque et d'une arme à feu par exemple. Les flash-balls, armes à balles en caoutchouc, ou les pistolets à impulsions électriques (autorisés en 2008, interdits, puis réautorisés en 2010) sont en revanche moins répandus. Ainsi, 2 300 policiers municipaux étaient dotés de flash-balls en 2013 (1 396 flash-balls de catégorie B et 904 de catégorie C), soit 11% des effectifs. Et seulement 2% des agents (452 personnes) disposaient d'un Taser la même année.
Depuis les attentats de janvier, il est vrai que plusieurs municipalités, à l'image de Nice ou Marseille, ont décidé d'armer leur police municipale (le choix d'armer ou non la police municipale relève en effet du maire, qui demande l'autorisation du préfet). Des décisions moins médiatisées que celles de Béziers, sûrement parce qu'elles ne s'accompagnaient pas d'une campagne de publicité inspirée de Scarface comme celle de Robert Ménard. Le gouvernement a également annoncé fin janvier qu'il allait mettre à disposition des policiers municipaux 4 000 armes de poing. «Pas question d'armer l'ensemble des policiers municipaux», avait prévenu l'Association des maires de France (AMF). Si les pistolets sont bien distribués, 59% des policiers disposeront désormais d'une arme à feu, toujours en dessous des estimations de Robert Ménard.