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Libération

Dans le Vaucluse, le Front très haut

par Stéphanie Harounyan, Envoyée spéciale en Avignon
publié le 22 mars 2015 à 23h46

Les premiers résultats sont tombés et Marion Maréchal-Le Pen a le sourire. Comme convenu, le parti a fait carton plein dans le département du Vaucluse, où il sera présent au second tour dans les 17 cantons, assurait la députée en milieu de soirée. Dans le canton du Pontet, le parti se paye même le luxe de faire élire son candidat dès le premier tour : Joris Hébrard, maire FN déchu de la ville, a remporté 53% des suffrages. Ailleurs, le FN est en tête dans six cantons sur les dix déjà dépouillés. Le Front national avait fait du Vaucluse l'une des étapes-clés de sa campagne. En début de semaine, Marine Le Pen y avait passé une journée entière, conclue par un meeting au Pontet. «Une victoire ici, ce serait la cerise sur le gâteau», avait-elle indiqué, espérant avoir de bonnes chances de l'emporter dans au moins 5 des 17 cantons que compte le département dirigé par la gauche depuis 2001.

Tante. Si les déceptions nationales à gauche et les divisions de la droite républicaine locale lui facilitent les choses, c'est surtout la stratégie d'implantation locale, portée tambour battant par la néodéputée Marion Maréchal-Le Pen, qui pourrait faire tomber le Vaucluse dans l'escarcelle du parti. «Nous sommes dans une terre riche de succès pour le Front national : un député en 2012, deux mairies lors des dernières municipales, en tête aux européennes… L'heure est venue pour le Vaucluse d'ouvrir la voie pour les Français», prêchait la députée, mardi, lors de la visite de sa tante dans sa circonscription. De fait, lors des européennes, le parti d'extrême droite était arrivé en tête sur le département avec 36,4% des voix, loin devant l'UMP et le PS. La participation enregistrée à 17 heures (50,39%) et supérieure à la moyenne nationale, devrait encore corser la note. «Quand la participation est forte, le Front est fort, confirmait dans la journée Marion Maréchal-Le Pen. C'est une tendance nationale qui se vérifie tout particulièrement dans le Sud.» Mais pour prendre le département, il faudra décrocher la victoire dans au moins neuf cantons.

Affront. Dans le nord, c'est l'alliance avec la Ligue du Sud de Jacques Bompard qui est au centre des négociations. Le microparti d'extrême droite comptait deux élus dans le conseil général sortant, et présente des candidats dans trois cantons face au FN. Un affront pour Marie-Claude Bompard, candidate dans le canton de Bollène, dont elle est maire. Alors que le dépouillement s'y terminait, les candidats FN devanceraient de 450 voix le binôme de la Ligue du Sud. Marion Maréchal-Le Pen va devoir convaincre Marie-Claude Bompard de conclure un accord «pour faire perdre la gauche».