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Libération

Deux blocs, un Front

La droite républicaine caracole en tête tandis que le PS et ses alliés résistent. Le FN, lui, ne réalise sans doute pas la percée attendue par sa présidente.
publié le 22 mars 2015 à 23h56

Un Front national qui s'enracine sans exploser les compteurs comme le lui promettaient les sondages. Un effet Nicolas Sarkozy à droite et un (petit) sursaut inattendu à gauche, grâce à une participation républicaine en hausse après une campagne menée tambour battant par Manuel Valls. Dimanche, le premier tour des élections départementales a consolidé le nouveau tripartisme en France avec un bloc droite et un bloc gauche aux alentours de 35% chacun, tous partis confondus, et un Front national entre 25% et 26%. «Le FN ne fait pas la percée annoncée, l'UMP s'en sort bien et le PS s'en sort moins mal que prévu», résume un ténor de la majorité. «Les formations républicaines ont tenu leur place. Ce soir, l'extrême droite, si elle est trop haute, n'est pas la première formation de France», a constaté le Premier ministre, qui s'en «félicite» puisqu'il s'y est «personnellement engagé» (lire aussi page 4).

L’abstention en récession

C'était la campagne dans la campagne, combattre l'abstention, ce «premier parti de France». Elle avait culminé à 55,6% en 2011, lors du dernier renouvellement, par moitié, des conseillers généraux. Dimanche, l'abstention a reculé à environ 49%, ce dont semblent avoir profité la gauche et la droite républicaines. Près de la moitié des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes : «notre premier défi est toujours là», a souligné Manuel Valls, appelant à la mobilisation «puissante et massive» au second tour. Au PS, on estime que la «nationalisation» du scrutin a payé. «Je pense qu'on a réveillé quelques consciences, à gauche comme à droite. Tous les abstentionnistes ont été un peu secoués par Valls», explique un de ses proches. A gauche, symboliquement, la Corrèze (bastion électoral de François Hollande menacé) et les Landes, département socialiste en danger, figurent parmi les territoires où on a le plus voté.

Le rapport droite-gauche s’inverse

A droite, les dernières cantonales en 2011 avaient été catastrophiques, UMP et Modem cumulant moins de 32% des voix. Dimanche, l'UMP, ses alliés et les divers droite arrivent en tête du scrutin, progressant de 3, voire 4 points. De son côté, Manuel Valls a choisi la lecture la plus maximaliste, parlant du «total des voix de gauche» en additionnant les scores de tous les partis pour se féliciter de faire jeu égal avec la droite. Mais, par rapport au bloc de gauche de 2011 (près de 49%), la glissade de 15 points est spectaculaire. Un an plus tard, lors de l'élection présidentielle, la gauche totalisait 41,9%.

Une flopée de triangulaires

Une participation plus forte et un score de la gauche un peu moins mauvais que prévu ont permis sa qualification dans un nombre plus important de cantons qu’attendu. A l’arrivée, le PS serait éliminé dans 449 cantons, selon une estimation ministérielle - 500 selon le ministre des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen. Ce qui devrait provoquer des triangulaires en pagaille - sans doute plus de 450 - entre la droite et ses deux challengers, PS et FN. Si l’espoir renaît côté socialiste, rien n’est réglé. Traditionnellement, les triangulaires favorisent les candidats qualifiés en pole position et beaucoup porteront les couleurs de la droite.

Manuel Valls l'a compris, qui dimanche a appelé au «rassemblement de la gauche». Le Premier ministre s'est aussi tourné vers «tous les républicains» pour faire barrage au FN, et le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a posé le principe du «désistement républicain» des candidats PS arrivés troisièmes. Un front républicain dont l'UMP ne veut pas entendre parler. Nicolas Sarkozy l'a répété dans son allocution post-premier tour. Même s'ils ne sont pas qualifiés, les candidats de l'UMP ont donc ordre de ne pas appeler à voter PS ou FN. Une consigne déjà battue en brèche dimanche soir, dans un canton du Doubs.