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Libération
Analyse

L’UMP roule des mécaniques

Largement en tête, Nicolas Sarkozy et son parti peuvent souffler. Pourtant, ce n’est pas non plus un triomphe pour la droite.
publié le 22 mars 2015 à 21h46

Nicolas Sarkozy doit une fière chandelle aux sondages. A force de marteler que le Front national pouvait recueillir jusqu’à 30% des suffrages, ils ont laissé s’installer l’idée que le parti de Marine Le Pen allait confirmer son rang de premier parti de France.

Avec près de 35%, selon les estimations, l’alliance UMP-UDI (avec les candidats étiquetés divers droite) est très nettement devant le FN, autour de 25%. Sarkozy échappe donc au scénario d’une extrême droite en constante progression. Une catastrophe pour l’ancien chef de l’Etat, qui a justifié son retour en expliquant qu’il était le seul capable de mettre sa famille politique à l’abri d’un second tour Hollande-Le Pen en 2017.

Indignation. Pour autant, le score de la droite républicaine est loin d'être un succès triomphal. Les élections intermédiaires sont traditionnellement favorables à l'opposition. C'est ainsi qu'aux élections cantonales de 2011, la gauche et ses alliés totalisaient près de 40% des suffrages (sans compter le Front de gauche, à 9%). A ce même scrutin, la droite et ses alliés centristes recueillaient 31% des suffrages, leur plus mauvais score depuis le début de la Ve République.

En progrès de 5 points par rapport à 2011, la droite n’a pas vraiment de quoi pavoiser. Mais le pire est évité. Et l’aventure peut continuer pour Sarkozy, dont la stratégie de premier tour se trouve partiellement validée. En se prononçant à quelques jours du scrutin contre le voile dans les universités et contre la distribution de menus de substitution sans porc dans les cantines scolaires, l’ex-président a délibérément chassé sur les terres de l’extrême droite, sans craindre de provoquer l’indignation de nombreux responsables de l’UMP.

Dans son intervention télévisée, Sarkozy a confirmé, dès 20 heures, qu'il n'y aurait «aucun accord» avec le Front national - ce «parti d'extrême gauche» - au second tour des départementales, dimanche prochain. Il a par ailleurs maintenu la stratégie du ni-ni partout où la gauche se retrouvera seule face au FN. «Les conditions d'un basculement massif sont réunies dans un grand nombre de départements», a ajouté l'ancien chef de l'Etat.

«Razzia». Dimanche prochain, l'UMP espère gagner au minimum 20 départements, installant ainsi sa domination sur 60% du territoire. Cette performance n'aurait toutefois rien d'extraordinaire. Ce serait un retour à la normale : jusqu'en 2004, la droite a toujours été largement majoritaire dans la France des départements. A la fin de l'ère Mitterrand, en 1992, la domination était écrasante, avec 23 départements à gauche, contre 76 à droite.

En confidence, tous les dirigeants de l’UMP, y compris Sarkozy, espéraient pour le 29 mars une «razzia» qui n’aurait laissé qu’une quinzaine de départements à la gauche.

Ils comptaient sur le FN pour éliminer le PS dans la moitié des 2 000 cantons. C'est loin d'être le cas. «Ce n'est pas un résultat flambant : la gauche reste plus forte que prévu et le FN reste très haut dans les zones rurales», confie à Libération un ancien ministre de Sarkozy. Conséquence de ce scénario imprévu : le PS sera souvent en mesure de se maintenir. Dans des cantons promis à la droite, il y aura plus de triangulaires FN-UMP-PS que prévu. Une configuration qui, dans bien des cas, pourrait profiter à la gauche et déjouer les optimistes pronostics de la droite. Voilà qui promet une campagne d'entre-deux-tours animée. Tandis que Manuel Valls en appelle au sursaut de «tous les républicains», Sarkozy prônera plus que jamais «l'unité et le rassemblement» pour construire «l'alternance républicaine».