En 2008, François Hollande l'avait ravi d'un siège, et gardé en 2011 de deux seulement. «Lorsque nous l'avons prise, la Corrèze était gouvernée depuis vingt-cinq ans par la droite. Ce fut un long chemin…» insistait le président de la République, dimanche matin au sortir de l'isoloir, comme pour préparer le terrain.
Confortablement. Cette victoire dont il avait été l'artisan, résidait pour l'essentiel sur l'union de la gauche. Celle-ci n'aura pas résisté au tournant libéral incarné par le Premier ministre, Manuel Valls. Tandis que la droite aura bénéficié d'un triple avantage : union dès le premier tour, faible couverture du Front national (présent dans moins de 50% des cantons) et désamour de «l'autre gauche» envers le Parti socialiste. Moralité : la droite s'engage tranquille dans ce second tour. «La Corrèze, c'est pas plié», tonitruait le maire de Tulle, Bernard Combes, jeudi soir en meeting.
La Corrèze, c'est peut-être pas plié, mais c'est très serré, pourrait-on dire. Le maire de Tulle a beau être en bonne position dans ce canton symbolique, où il a été confortablement élu en 2014, il devra néanmoins affronter un second tour. En Corrèze, hier soir, le «département du Président» a renoué avec de vieilles amours. Ainsi, quelques cantons ont d'ores et déjà valeur de prises de guerre pour la droite. Malemort, par exemple, bascule dès le premier tour, après dix-huit ans à gauche. Idem pour les cantons d'Egletons et Argentat. Dans le Midi-Corrézien, Pascal Coste, chef de file de l'UMP, rate de peu la qualification dès le premier tour, mais s'offre un score suffisant pour faire valoir, demain, ses ambitions comme président du département. Dans ce département ô combien symbolique, qui avait servi de rampe de lancement aux ambitions présidentielles de François Hollande et où il avait construit son emprise politique sur l'union de la gauche, les seconds tours, où, le plus souvent, les candidats socialistes pourront se maintenir s'annoncent corsés.
Manteau. Dimanche les candidats de l'Alternative n'envisageaient aucune consigne de vote dans l'entre-deux-tours… officiellement. Officieusement, certains piliers de cette autre gauche, ne faisaient pas mystère de leur intention d'appeler à voter utile, même sous le manteau. «Et puis, ils ne sont pas propriétaires de leurs voix», tonnait en début de soirée Gérard Bonnet, encore président de la Corrèze.