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Analyse

Le Parti socialiste reprend sa respiration

La dérouillée annoncée n’a pas eu lieu. En restant devant le FN, la gauche peut espérer sauver plusieurs dizaines de départements.
Manuel Valls commentant les résultats du premier tour, dimanche soir. (Photo Marc Chaumeil)
publié le 22 mars 2015 à 21h46

La débâcle devait être d'une telle ampleur que le fait de passer la barre des 20% - avec un «bloc gauche» autour de 35% - à ces départementales rassurerait presque les socialistes. On leur prédisait l'élimination dès le premier tour dans plus de la moitié des cantons, voilà qu'ils ont l'espoir de sauver plusieurs dizaines de département. «Avec modestie et lucidité»,Manuel Valls, a jugé «honorables» les scores des «candidats de la majorité» et appelé au «rassemblement» d'une gauche extrêmement dispersée lors de ce premier tour. «C'est cela qui fera la différence, a insisté le Premier ministre. Rien n'est donc joué.» A la direction du PS, le message est clair : fini, les divisions face au risque Front national et au retour de la droite sarkozyste. «Trop dispersée au premier tour, la gauche doit désormais se rassembler au second tour pour garder le plus grand nombre de cantons et de départements à gauche», a poursuivi Valls.

«Secouer». Après avoir perdu l'an dernier 196 municipalités de plus de 9 000 habitants - dont 60 de plus de 30 000 habitants - les socialistes espèrent encore éviter une nouvelle saignée à l'échelle départementale. Devant un Front national en progression et une droite prête à reprendre nombre de cantons, les dirigeants socialistes ne vont cesser, dans cet entre-deux-tours, de mettre en avant les «bilans» des «majorités départementales». Lors d'un bureau national convoqué avant l'annonce des résultats dimanche soir, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a passé le message à ses troupes. «La gauche unie partout aurait non seulement été partout au deuxième tour mais le plus souvent en tête», a-t-il rappelé devant les responsables socialistes réunis au siège du parti, rue de Solférino.

Par ailleurs, puisque le sursaut de mobilisation leur a été plutôt favorable, le Premier ministre et la direction du PS vont poursuivre dans leur stratégie : cibler le Front national comme «adversaire principal». «Appeler notre électorat à se déplacer pour sanctionner le FN, ça marche ! se réjouit Juliette Méadel, autre porte-parole du PS. La stratégie de Valls et Cambadélis était la bonne. Il fallait secouer les consciences». Le Premier ministre s'évite ainsi des règlements de comptes internes au PS avec ceux qui l'accusaient de «faire monter» le FN en le «mettant au centre».

Un encouragement - aussi - à «poursuivre sans relâche notre action pour retrouver la croissance, créer des emplois, assurer la sécurité des Français, dans la lutte contre le terrorisme et la délinquance», a répété le chef du gouvernement. Bref, ne rien changer dans la politique menée. «Notre pays doit continuer à avancer, à se réformer, a-t-il martelé. Nous obtenons déjà des résultats.» Un message envoyé à sa gauche et aux écologistes qui attendaient des «bougés» de la part de l'exécutif après ses élections.

Répétition. «Si la fessée n'est pas si déculottée, ça change les choses», glissait un député proche de Martine Aubry dimanche après-midi. Mais, rappelait ce parlementaire, «l'union de la gauche ne se décrète pas. Il y a la nécessité de travailler sur un contenu qui fédère». Sur une politique départementale, facile : socialistes, communistes et écologistes gouvernent ensemble à l'échelon local. Mais si ces départementales - et les régionales de décembre - sont une répétition de la présidentielle, il faudra plus pour empêcher le premier candidat de gauche d'arriver comme le PS ce dimanche : troisième.