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Libération

Le Pas-de-Calais fait de la résistance

par Stéphanie Maurice, Envoyée spéciale à Douvrin
publié le 22 mars 2015 à 21h36

Le FN n’a pas partie gagnée dans le Pas-de-Calais. Certes, à 20 heures, il était en tête dans 14 cantons sur 39, mieux que les autres partis, mais seules 400 communes sur 895 avaient donné leurs résultats, sans les grandes villes qui peuvent relativiser la tendance. L’ex-bassin minier reste une terre d’élection pour le parti de Marine Le Pen, où il arrive premier, comme dans les communes rurales du côté d’Aire-sur-la-Lys ou du Ternois.

Ancrage. Le département devrait cependant rester socialiste. Michel Dagbert, le président sortant du conseil général, était confiant, même s'il craignait la perte de cantons, en particulier celui de Wingles. Il a regretté que la gauche parte à la bataille en ordre dispersé : «Nous n'avons réussi à trouver des alliances qu'à Calais.»C'est là que le PS maintient ses positions. Sur Lillers, le choix de ne pas présenter de candidat PS et de soutenir le binôme PCF a porté ses fruits, puisque celui-ci est en pole position. La droite, elle, en tête dans 10 cantons, progresse grâce à l'alliance UMP-UDI. Voir siéger des élus frontistes au futur conseil départemental serait une nouveauté : en 2011, le FN avait beau être présent dans 20 cantons sur 77 au second tour, il n'en avait remporté aucun. Mais la vague bleu Marine a frappé fort aux européennes : avec 38,87% pour le FN (14 points de plus que la moyenne nationale), le Pas-de-Calais est le deuxième département à avoir voté le plus FN, après l'Aisne. Michel Dagbert est conscient d'un ancrage qui se développe, non seulement à partir de la tête de pont qu'est Hénin-Beaumont, mais aussi dans les coins plus ruraux, comme dans le Ternois ou le Montreuillois. Les terres paysannes se sentent abandonnées et le discours anti-Europe du FN leur parle. Même si beaucoup de ses candidats ne sont pas connus localement. «Ce sont des parachutés, et ils ne connaissent pas les dossiers», glisse un bon connaisseur du terrain.

Mobilisation. Sur le canton de Bapaume, un responsable FN avoue sa déception, la tendance est moins bonne qu'il ne l'espérait : il relativise en évoquant un candidat là «seulement depuis trois mois».Dagbert brocarde : «Sur les 39 professions de foi, le texte est identique, fait par la direction du parti. Seule la photo des candidats change.» Dans le département, le chômage est à 13%, contre 9,9% au niveau national. Mais il semble que la stratégie de Manuel Valls, qui a dramatisé les enjeux du scrutin en mettant en avant une poussée du FN, peut être payante. La mobilisation a été forte. Elle a gagné presque 6 points, à 52,12% à 18 heures, par rapport à 2011 (46,38%). Et des électeurs croisés dans les bureaux de vote à Douvrin, peu au fait des compétences et du rôle des départements, revendiquaient un vote barrage au FN.