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Libération

Un enjeu de bascule en Meurthe-et-Moselle

publié le 22 mars 2015 à 21h26

Un FN plus fort que prévu et une participation en hausse (50% contre 34% en 2011). Selon les résultats définitifs dans cinq cantons (sur 23), le parti d’extrême droite est en situation de se maintenir largement au second tour en Meurthe-et-Moselle. Arrivant en tête, souvent de peu, dans des cantons où on ne l’attendait pas, notamment au nord de Nancy à Jarny et dans le Val de Lorraine sud. Et, il y aura plus de triangulaires que prévu, notamment dans le canton de Meine au Saintois (sud), où le PS a viré en tête (19,88%), presque à égalité avec le FN et devant l’UMP. Dans le Grand-Couronné, l’UDI est en tête, quelques centièmes devant le FN, le PS se maintient.

Ticket. Avant le scrutin, la droite avait déclaré la Meurthe-et-Moselle «gagnable». Dans ce département, dernier bastion de gauche de l'Est, dirigé par le PS depuis 1998, elle misait sur un climat national morose. «Le contexte est difficile, la campagne l'a été aussi, confiait Bertrand Masson, premier secrétaire PS du département. Beaucoup de gens exprimaient leur volonté de s'abstenir ou de voter FN, y compris dans les territoires ancrés à gauche. On a ressenti de la colère à l'égard du pouvoir national.» La stratégie de la gauche a consisté à ramener l'enjeu du scrutin à son échelle locale et à communiquer sur son bilan : le tarif social dans les cantines des collèges, la gratuité des transports scolaires, l'accompagnement des personnes âgées...

A l'heure du dépouillement, dans son bureau de vote du quartier ouvrier nancéen des Trois-Maisons, Mathieu Klein, président PS sortant du conseil général, se disait «moins pessimiste que quelques jours auparavant». «J'ai senti une forme de remobilisation de l'électorat de gauche ces derniers jours».

En face, la droite a joué l’union pour espérer faire basculer le département. Rassemblant, dans certains cantons, du Modem à l’UMP. Pour contrer l’offensive, la gauche a elle aussi fait bloc. Dans 9 cantons (sur 23) , il n’y avait qu’un seul ticket à gauche. L’essentiel des divisions se concentrant dans le nord, bassin sidérurgique où les communistes font encore de bons scores. Une alliance entre le Front de gauche et EE-LV avait été conclue partout.

Tentation. Dans ce département qui est loin d'être homogène, le FN, présent dans quasi tous les cantons, fait recette dans le sud rural, terres limitrophes de l'Alsace. Aux européennes, le parti de Marine Le Pen oscillait entre 35 et 40%. Manuel Valls s'est d'ailleurs rendu sur place mardi, à Dombasle-sur-Meurthe (canton de Lunéville). Dans Nancy et son agglomération, ville traditionnellement à droite, le parti de Marine le Pen avait obtenu 14% des suffrages aux européennes, deux fois moins que dans le reste de la France.