Rarement scrutin aura été aussi difficile à décrypter, le rapport de force entre les différents partis étant compliqués par l’existence de binômes souvent mixtes. Un point, en revanche, ne prête guère à discussion, c’est le score du FN, qui avait l’avantage de ne présenter que des binômes 100% pur Front. Et ce score est très inférieur aux prévisions des sondeurs.
Voici les résultats officiels communiqués par le ministère de l’Intérieur :
Et voici ceux publiés dans les dernières semaines :
Sondage Odoxa réalisé les 26 et 27 février et publié le 2 mars
Sondage Odoxa réalisé les 5 et 6 mars et publié le 9 mars
Sondage CSA pour BFM réalisé du 16 au 18 mars et publié le 19 mars
Sondage Ipsos réalisé les 16 et 17 mars
Sondage Harris Interactive réalisé les 17 et 18 mars
Sondage Ifop réalisé les 18 et 19 mars
La comparaison est cruelle. Les chiffres officiels créditent le FN de 25,24% des suffrages. C’est donc beaucoup moins que ce qui était attendu par les sondeurs dans toutes les enquêtes publiées en mars. Ainsi, Odoxa donnait le FN à 33% le 2 mars (puis 31% le 9 mars), CSA créditait le parti frontiste de 28%, Ipsos et Harris Interactive de 29% et l’Ifop de 30% des voix.
Dans une moindre mesure, les sondeurs ont à l’inverse sous-évalué le score du PS. En agrégeant les scores des binômes PS à ceux de l’union de la gauche et du PRG, on arrive à 21,8%. C’est entre 1 et 3 points de plus que ce qui était attendu par les instituts.
Les sondeurs n’avaient pas caché leur crainte devant le scrutin départemental. En cause : le redécoupage de la carte électorale, l’existence de binômes susceptibles d’être composés de deux représentants de partis différents, s’ajoutant au fait que certaines formations n’étaient pas présentes dans tous les cantons (pour cette raison, Harris Interactive, par exemple, avait fait le choix de placer les sondés devant l’offre réelle correspondant à la situation de leur canton).
Mais le FN était le parti dont l'évaluation semblait la moins impactée par ces chausse-trappes : présent dans la quasi-totalité (93%) des cantons, le parti avait aussi la particularité de ne présenter que des binômes 100% FN, n'étant allié qu'à lui-même. Ainsi, dans cet article du Monde, Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d'entreprise à l'Ifop, pointait le casse-tête lié à la grande variété de configurations des binômes en présence selon les cantons, tout en ajoutant : «Mais pour le FN, c'est plus facile, car ils présentent des candidats partout.»
Paradoxalement, c’est sur le parti frontiste que les sondeurs se sont cassé les dents.