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Libération
Récit

Le FN se dit «prêt à prendre le pouvoir»

A quatre jours du second tour, Marine Le Pen a posé Hénin-Beaumont en modèle rassurant d’un FN aux responsabilités.
Marine Le Pen en meeting à Hénin Beaumont, le 25 mars 2015 (Photo AimŽée Thirion)
publié le 25 mars 2015 à 22h10

Pour son unique meeting de l’entre-deux tours des départementales, Marine Le Pen a choisi un terrain où le FN est déjà aux responsabilités: Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, ville conquise par Steeve Briois il y a un an, presque jour pour jour. Environ 400 personnes étaient présentes mercredi soir dans la salle des fêtes, à deux pas d’une mairie qui n’arbore plus le drapeau européen. Sur scène, autour de la présidente du FN, Briois et les binômes frontistes présents au second tour dans chacun des deux cantons de la ville.

Donnant la clef de lecture de ce déplacement, le maire d'Hénin a appelé les électeurs à «faire ailleurs dans le département ce que nous connaissons ici». Pour Briois, les bons scores du FN dans le Pas-de-Calais sont en partie le résultat du «très bon travail» accompli dans sa ville depuis un an. «Si demain il y avait une élection municipale anticipée, nous aurions 70% des voix au premier tour», juge l'édile. «Et ce n'est pas cet incident criminel qui nous effraiera et nous éloignera de notre but».

«Elus de droite et de gauche s'entendent comme larrons en foire»

L'«incident» en question a eu lieu entre minuit et cinq heures du matin, dans la nuit de mardi à mercredi. Un ou plusieurs individus se sont introduits dans la mairie d'Hénin-Beaumont, dégradant du matériel informatique dans une salle de documentation et laissant sur un mur des graffitis confus d'où ressortent les mots «Ben Laden», «Charlie», «Mort», «Briois». Dans une pièce voisine, deux scooters ont été incendiés, causant des dommages sur les murs et les plafonds. Un troisième scooter a été volé. S'estimant personnellement menacé, Steeve Briois a réclamé à la préfecture d'être mis sous protection.

Un incident que Marine Le Pen a relié à la campagne «de haine» menée selon elle par Nicolas Sarkozy et Manuel Valls à l'encontre du FN. La présidente du mouvement a réparti équitablement ses coups entre ses deux rivaux, faisant grand usage du label «UMPS». «Élus de droite et de gauche s'entendent comme larrons en foire, mènent exactement la même politique», a-t-elle jugé. «On pourrait les renommer le Club des Havanes, puisqu'ils aiment fumer de beaux cigares les pieds sur leurs bureaux. Ou encore le ROM, comme rassemblement des organisations mondialistes». En opposition à cet épouvantail, la présidente du FN s'est indignée «que nos enfants sortent de l'école en sachant qui est Mahomet et pas qui est Clovis».

Dans un discours sans nouveautés, Marine Le Pen a jugé que le FN disposait encore de «réserves de voix importantes» en vue du second tour. Elle a posé le FN en seule force alternative, en mouvement «prêt à prendre le pouvoir» : «Nous le ferons dans les villes, les départements, les régions», a-t-elle affirmé, citant notamment la future grande région Nord-Pas de Calais-Picardie. Les scores obtenus au premier tour des départementales ont confirmé tout le potentiel de celle-ci pour le FN. Les chances de victoire sont telles que Marine Le Pen pourrait décider de monter en première ligne. Si elle a déjà dit son «envie» de mener la liste frontiste, la présidente du FN n'a pas encore arrêté son choix – la campagne présidentielle devant suivre de peu les élections régionales. Et n'en a pas dit plus sur le sujet dans son discours.