«La croissance, c’est d’abord permettre aux entreprises de retrouver leur marge, on les a améliorées grâce au CICE et au pacte de responsabilité, c’était une volonté du président de la République.»
Claude Bartolone ce matin au micro de RTL
INTOX. Telles des vigies plongées dans l'obscurité de la croissance nulle, les responsables socialistes guettent les signaux de reprise économique. Quitte à s'agiter parfois pour pas grande-chose… Ainsi, ce matin, Claude Bartolone s'est félicité de l'amélioration des marges des entreprises. «La croissance, c'est d'abord permettre aux entreprises de retrouver leur marge, on les a améliorées grâce au CICE et au pacte de responsabilité, c'était une volonté du président de la République.» Un satisfecit au timing douteux, le lendemain de la publication des comptes nationaux de l'Insee… qui disent tout l'inverse.
DESINTOX. Selon l'Insee, le taux de marge des entreprises s'est bien redressé au quatrième trimestre 2014, passant de 29,5% à 29,9%, mais cette hausse lui a seulement permis de repasser un poil au-dessus de son niveau de 2013 (29,8%). Et sur l'année 2014, le taux de marge apparaît à 29,7%. Bref, l'encéphalogramme est désespérément plat.
Le plan d’aide massif aux entreprises décidé fin 2012, via le CICE puis le pacte de responsabilité (qui devrait aboutir à des allégements d’impôts et de cotisation de 40 milliards à terme), avait précisément pour objectif de soigner les marges des entreprises françaises, parmi les plus déprimées d’Europe. Or, selon l’Insee, le CICE a bien eu un effet favorable, mais cet effet a été illico compensé par une augmentation du salaire réel supérieure aux gains de productivité. D’où cette stagnation des marges.
Un scénario qui ressemble exactement à ce que ne voulait pas le gouvernement. En octobre, Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, avait ainsi expliqué devant le congrès des experts-comptables que le CICE devait servir à dégager des marges pour embaucher et investir… mais surtout pas à augmenter les rémunérations ni les dividendes. «Si le CICE sert à augmenter massivement les salaires, ce n'est pas une bonne chose. C'est dur à dire dans la période où on vit, mais c'est vrai.»
Ecoutez à partir de 24'55''
Six mois plus tard, en dépit des «mises en garde» d’Emmanuel Macron, et contrairement à ce qu’en dit Claude Bartolone, c’est bien ce qui semble s’être passé.