Azzédine Taïbi, 50 ans, a été réélu conseiller départemental pour la troisième fois d'affilée. Le vice-président de l'assemblée de la Seine-Saint-Denis, où la gauche vacille, a obtenu dans son canton 36,09% des voix le 22 mars - et 100% après le retrait du PS pour le second tour. Le candidat PCF commente ce succès : «C'est la première élection depuis que j'ai été élu maire de Stains, l'an dernier. Pour moi, cette victoire avec un chiffre très haut au premier tour n'est pas anodine.» Il souligne «aussi l'importance» d'être arrivé en tête dans tous les bureaux de vote au premier tour et ajoute : «Cette victoire veut dire que les électeurs approuvent ma politique et ma manière de faire de la politique. Celle du terrain qui consiste à être proche des gens pour les mobiliser, les encourager et ne rien promettre si l'on n'est pas capable de tenir parole.»
Galon. La politique a rencontré Azzédine Taïbi en 1989. Il se fait brancher par le maire PCF de la ville pour intégrer l'équipe municipale. A cette époque, Taïbi a 24 ans, turbine dans l'animation et son visage parle à la jeunesse de Stains : «J'ai toujours été engagé à ma manière. Je parlais à mes amis et je veillais à ce que les jeunes restent dans le cadre, ne dérapent pas. Je craignais leurs dérives.» Il prend une carte au PCF parce qu'il partage «avec le parti» la lutte pour libérer Nelson Mandela et le combat contre le capitalisme, mais il refuse les avances de la mairie qui cherche à présenter des nouveaux visages à ses électeurs. Puis, il revient sur sa position, pose un pied dans la politique locale et intègre l'équipe municipale. Sa décision ne surprend ni ses amis ni sa famille. Il prend très vite goût à ce nouveau monde et à ce nouveau pouvoir. Celui «de changer les choses», dit-il.
En 1995, le PCF remporte une fois de plus l'élection municipale, la routine à Stains, et Azzédine Taïbi prend du galon. Il devient maire adjoint à la jeunesse et aux sports. En 2001, il est élu au département avec la «peur de s'éloigner du terrain». Et en mars 2014, il est le premier maire communiste d'origine maghrébine à diriger une commune de plus de 30 000 habitants. Un symbole et un espoir pour toute une ville, une jeunesse.
Touche. Azzédine est originaire d'une famille modeste, ouvrière. Lorsqu'il jette un coup d'œil dans le rétro, il la joue humble, parle de «victoire collective», planque sa fierté personnelle sans oublier ses premiers pas. «Je ne suis pas né avec une cuillère en or dans la bouche, des fois c'était très dur mais, dans mon entourage, on n'a jamais baissé les bras. Aujourd'hui, je suis fier de mon parcours, de celui de mes parents. Fier de dire que je suis issu d'une famille d'immigrés», détaille-t-il sans ciller. Et lorsqu'on lui demande d'aborder le futur, il botte en touche, parle de ses missions à la tête de la mairie et au département, en mettant un petit coup de coude à la jeune garde politique, ambitieuse, impatiente et qui «ne pense qu'à être élue sans se préoccuper des problèmes des gens».