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Libération

Faux air de victoire PS dans l’Isère perdue

André Vallini 58 ans, conserve son siège
par François Carrel, Grenoble, de notre correspondant.
publié le 29 mars 2015 à 20h56

Il est des victoires au goût de cendres : André Vallini, 58 ans, secrétaire d'Etat à la Réforme territoriale, l'un des trois membres du gouvernement candidats à ces élections départementales, a été réélu dimanche soir avec sa binôme, Amélie Girerd, dans son canton de Tullins (Isère), face à un tandem FN. Cependant, le département, qu'il avait conquis en 2001 et présidé jusqu'en 2014, est, lui, retombé dans l'escarcelle de la droite… Resté très discret à l'échelon départemental et absent des médias la semaine dernière, Vallini est sorti de son silence dimanche soir. Il parle de sa réélection comme d'un «réconfort dans ce contexte très difficile» : «J'ai privilégié mon canton entre les deux tours pour une campagne de terrain acharnée, comme jamais je n'en avais fait : marchés, parkings de supermarchés, gares, sorties d'école, tous les jours de 8 heures à 20 heures ! Je l'ai fait pour témoigner de ma reconnaissance envers les électeurs qui m'avaient placé en tête au 1er tour, avec plus de 41% des voix. C'était inespéré dans ce nouveau canton très élargi.»

«Ancrage». Il voit dans la chute du département une sanction «exclusivement nationale» du PS, persuadé que son bilan n'est pas en cause : «C'est la première fois en trente ans que je vois une élection cantonale aussi politisée autour des thématiques nationales. Elle s'est transformée en campagne législative !» Comment explique-t-il alors sa réélection ? «J'ai échappé au vote sanction grâce à la solidité de mon ancrage local. Je n'ai jamais quitté le canton.» L'ancien secrétaire national du PS n'hésite pas à tacler ses pairs : «J'ai hésité à me présenter. A Paris, on me disait que c'était risqué, mais les militants locaux m'ont persuadé. Je n'ai pas esquivé, j'ai plongé tandis que beaucoup restaient au chaud. Jamais je n'ai fui mon appartenance au gouvernement, j'ai assumé, expliqué à chaque réunion publique nos choix économiques, mais aussi ma réforme des collectivités. Au bout du compte pourtant, je ramenais toujours le débat sur les enjeux locaux.» Fier, il conclut : «Le peuple aime qu'on le prenne au sérieux. Quand on ne se défile pas, quand on prend la peine de s'adresser à l'intelligence des citoyens, cela finit par payer.»

Désaccords. Il fustige aussi la division de la gauche, «deuxième facteur» de la bascule à droite du département. Et minimise les sérieux désaccords au sein des gauches iséroises, rejetant sur ses «partenaires» le choix de la désunion sur fond de «stratégies nationales» : «Il aurait suffi que nous actions nos désaccords majeurs - l'élargissement de l'A480 et le Center Parcs de Roybon avec les écologistes - et les orientations nationales avec le PCF pour continuer à faire ensemble de l'Isère, comme depuis 2001, un département de référence. C'est un suicide politique de la gauche.» Vallini, droit dans ses bottes au milieu des ruines…