Manuel Valls : les scores du FN marquent un «bouleversement durable de notre paysage politique».
«La droite républicaine remporte les élections départementales. La gauche, trop dispersée au premier tour, connaît un net recul. Les appels à la mobilisation républicaine ont été entendus, je me suis d’ailleurs mobilisé autant que j’ai pu. Mais les scores beaucoup trop élevés de l’extrême droite restent un défi pour tous les républicains. Ils sont la marque d’un bouleversement durable de notre paysage politique. Je continuerai néanmoins à dénoncer les solutions dangereuses que l’extrême droite propose pour notre pays, il n’y a rien de bon à y entendre. Les Français par leur vote et même leur abstention ont dit leurs exigences, leurs attentes, leur fatigue face à une vie quotidienne trop difficile. J’ai entendu leur message : mon gouvernement continuera de répondre aux exigences de réponses concrètes.
«Notre économie va mieux, les premiers signes de reprise sont là, mais ils sont encore trop peu sensibles pour les Français. Notre gouvernement redoublera d’énergie avec l’emploi comme priorité. De nouvelles mesures seront bientôt annoncées en faveur de l’investissement privé et public. Il y aura de grands rendez-vous au cours des prochaines semaines : la loi croissance et activité, la loi sur la modernisation du dialogue social, nous créerons aussi la prime d’activité : un dispositif incitatif qui encourage le travail.»
Nicolas Sarkozy : «Jamais le pouvoir en place n’avait subi une telle défiance, un tel rejet»
«Ce soir, la droite républicaine et le centre ont nettement remporté les élections départementales. Jamais notre famille politique n’avait gagné autant de départements. Cette victoire est d’abord le résultat de la campagne de nos candidats, que je veux remercier. […] Ce résultat dépasse de très loin les considérations locales. A travers leur vote, les Français ont massivement rejeté la politique de François Hollande. Jamais le pouvoir en place n’avait subi une telle défiance, un tel rejet. C’est le mensonge, c’est le déni, c’est l’impuissance qui ont été sanctionnés.
«Le président de la République a délibérément choisi d’ignorer le vote des Français. Les Français sauront se souvenir de cette marque de mépris pour leur peuple lors des régionales.
«Alors que l’angoisse et la colère gagnent partout du terrain, nous allons d’abord mettre en œuvre nos engagements de campagne, seul moyen de donner du crédit à la parole politique. Nous maîtriserons les impôts, nous lutterons contre l’assistanat. Nous allons ensuite renforcer l’unité de notre famille politique, c’est ma priorité depuis plusieurs mois. La victoire de ce soir revient à tous ceux qui ont fait le choix du collectif.»
Marine Le Pen : «Je ne demande pas à Manuel Valls de démissionner»
Marine Le Pen à son arrivée au QG du Front national à Nanterre dimanche en fin de journée. (Photo Albert Facelly.)
«Le FN s'installerait aux environs de 40%. Nos candidats recueillent des scores en très nette progression par rapport à dimanche dernier. De nouveaux conseillers départementaux entreront dans les exécutifs. Nous partions pourtant dans ces élections avec beaucoup de handicaps : une implantation locale encore parcellaire, une campagne amère menée par le Premier ministre rejoint dans son mépris de classe par de nombreux médias. Ces élections marquent l'installation du FN comme force politique dans notre paysage.»
«Le PS est laminé et disparaît de la carte dans de très nombreux départements. Je ne demande pas à Manuel Valls de démissionner. Les petits politiciens médiocres s'accrochent eux à leur poste. Je demande à nos élus de s'engager à des réformes concrètes : mettre à jour système de retraites complémentaires faramineuses, lutter contre le voile à la crèche (...). Nous disposons maintenant d'une multitude de relais partout en France qui aideront aux victoires futures. L'objectif approche : s'installer au pouvoir pour redresser la France. Je suis à la tête du seul mouvement d'opposition de résistance au pouvoir en place, l'UMPS. La bipolarisation FN contre UMPS se met doucement en place.»
Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) : «Résistez, ne lâchez rien !»
«Notre pays est menacé de dislocation. Mais il ne suffit pas de critiquer, il faut refonder notre République. Ne vous laissez pas embrigader par leur tripartisme. Ne vous résignez pas, ne laissez pas Hollande et Valls réduire notre belle idée de gauche à néant. J'appelle à une alliance visible, avec les personnalités de gauche et surtout des assemblées citoyennes ouvertes à gauche. C'est notre responsabilité historique avant qu'il ne soit trop tard. Ne désertez pas le devoir de résistance qui s'impose à nous. Résistez, ne lâchez rien !»
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS : «La menace du FN est là»
«Le deuxième tour est marqué par la progression et la victoire de l'UMP-UDI, au-delà de l'effet mécanique. L'extrême droite rejoint la droite extrême dans un programme redoutable. Le parti de Marine Le Pen emporte des gains sans pour autant devenir le premier parti de France. Il est très loin derrière les partis républicains. Mais la menace est là : qu'elle soit contenue ne veut pas dire qu'elle soit réduite. Le PS recule nettement dans son implantation départementale. Il serait inconcevable de ne pas le noter. C'est un recul sans être une débâcle.»
«Les électeurs socialistes ne se sont pas portés sur une autre offre politique. La gauche s'est remarquablement rassemblée au deuxième tour. Ce qui a été possible doit l'être dans les prochaines élections régionales. Il faut que l'union soit au rendez-vous, d'abord là où le FN menace. J'appelle les formations de gauche au dialogue, à la mise à plat des divergences. Nous rencontrerons demain Europe Ecologie-Les Verts puis toutes les organisations de gauche qui l'accepteront.»
Hervé Morin (UDI) : «Nous sommes passés d’un système bipolaire à un système tripolaire»
«L’enseignement de cette élection (...) c’est que nous sommes passés d’un système bipolaire, droite et centre contre PS et parti communiste ou Front de gauche, à un système tripolaire. Pour nous, UMP, UDI, Modem (...) il nous faut désormais intégrer la nécessité de l’union dès le premier tour, parce que sinon, bien entendu, on passe à la trappe dès le premier tour.»
«Cela va nous imposer de réfléchir à l’organisation de l’élection présidentielle, à la question des primaires, et très clairement la question qui va se poser pour nous centristes, c’est : "participons-nous ou pas à l’organisation des primaires et aux primaires elles-même, et sommes-nous en capacité d’avoir un candidat à l’élection présidentielle dès le premier tour ?"»
Emmanuelle Cosse (EE-LV): «Une course à l’échalote réactionnaire»
«Alors que l'extrême droite consolide ses positions, toutes les forces républicaines sont désormais au pied du mur. Alors qu'elle devrait jouer son rôle d'opposition en faisant des propositions alternatives, la droite républicaine se perd dans un ni-ni mortifère pour la République. Elle enregistre peut-être ce soir de bons résultats, mais au prix d'une confusion avec les idées de l'extrême-droite et d'une course à l'échalote réactionnaire.»
«De l’autre côté, les progressistes peinent à inventer le monde de demain. Sous la pression des marchés financiers, des banques et des lobbies, la gauche au pouvoir s’est éloignée de ce qui en faisait une promesse d’émancipation et de mieux vivre. L’attente passive du retour de la croissance ne fait pas une politique. Refusant tout fatalisme, les écologistes appellent une nouvelle fois à un sursaut démocratique et républicain. Entre le renoncement à changer de modèle de développement et l’illusion de vouloir isoler la France du reste du monde, il existe une troisième voie résolument démocratique, solidaire et écologiste.»
Christian Paul, tête de file des frondeurs socialistes : «Appeler une défaite une défaite»
«Je lance une adresse à toutes les forces de gauche. Elles doivent se remettre au travail ensemble. Un contrat de rassemblement, c’est pour resserrer les liens. Mais on ne peut pas se réunir en-dehors de choix politiques. Il faut appeler une défaite une défaite, et être capable d’en tirer les leçons : redonner confiance aux catégories populaires. Il faut plus d’égalité, plus de pouvoir d’achat.»
Pierre Laurent (PCF): «Un appel à un changement de cap politique»
«La responsabilité de François Hollande et de Manuel Valls est grande dans le retour aux affaires de la droite dans une majorité de départements. A l’occasion des multiples initiatives et rencontres tenues par les militants communistes sur l’ensemble du territoire, nous avons constaté l’immensité de la défiance et du désarroi de millions de Français, qui confrontés à la violence du quotidien, se sentent totalement trahis. Continuer à rester sourd à ce qui sonne clairement comme un appel à un changement de cap politique serait engager la France dans le scenario du pire. Les communistes ne s’y résoudront jamais.»
«Nous pouvons déjouer le "coup monté" du tripartisme. Ce scénario mortifère pour la gauche sous-tend l’abandon des classes populaires à l’abstention et au Front national, et la marginalisation de toute politique alternative sociale et solidaire à l’austérité. Nous le refusons catégoriquement.»