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Charte

Le Front national dicte ses conditions pour donner son soutien

Marine Le Pen a proposé huit points, que les élus des autres partis devront s'engager à respecter pour avoir les voix du parti d'extrême droite.
Des militants du Front national dans le Vaucluse, après le résultat du second tour des départementales, le 29 mars. (Photo Bertrand Langlois. AFP)
publié le 31 mars 2015 à 19h35

A prendre ou à laisser. Le Front national (FN) a dévoilé, ce mardi, sa charte pour les départementales. Huit points que devront s’engager à respecter intégralement ceux qui sont tentés par les voix frontistes, dans le but de décrocher la présidence d’un conseil départemental. Dans ce cas, le FN leur apportera ses voix dans les 14 assemblées où il a des élus. Le troisième tour de ces élections départementales, c’est-à-dire la désignation des présidents, se déroulera jeudi prochain, le 2 avril.

«Le Front national et ses représentants sont ouverts à d'éventuels accords visant à constituer une majorité départementale avec d'autres élus qui, à titre individuel, s'engageraient à respecter les principes d'actions suivants dans le cadre de la gestion du département», précise le texte frontiste.

Rien de bien nouveau sous le soleil dans ces huit engagements. Certains de ces principes d'actions ne posent aucun problème, comme l'engagement, par exemple, de ne «pas augmenter la fiscalité locale pendant toute la durée de la mandature», le «maintien des services publics de proximité et de qualité», le «développement des aides et des dispositifs départementaux en faveur des personnes âgées et handicapées», difficilement compatible avec une fiscalité égale, la lutte contre la fraude sociale au RSA et enfin l'organisation de référendums locaux.

D'autres, en revanche, sont absolument irrecevables et pas comestibles du tout par l'UMP puisque ces propositions s'adressent plus particulièrement au parti de Nicolas Sarkozy. Le point le plus important pour la formation présidée par Marine Le Pen touche aux subventions accordées à des associations ou à des projets qualifiés de communautaristes et dont le FN demande l'arrêt total. Les élus frontistes demanderont également à leurs homologues des conseils départementaux de s'engager «à défendre rigoureusement la laïcité républicaine dans tous les secteurs de la vie départementale (cantines scolaires, collèges…) et interdire le port du voile dans les crèches».

Même dans les départements ou le jeu est très serré entre la gauche et la droite et où le FN est en position de se poser en faiseur de rois comme dans le Gard, l’Aisne et le Vaucluse, il y a peu de chances que les élus UMP souscrivent à ces deux derniers engagements. Marine Le Pen ne nourrit sans doute d’ailleurs aucune illusion sur la possibilité de voir l’UMP s’engager sur cette charte. En sachant pertinemment que certains de ces points peuvent difficilement être avalés par l’UMP, elle poursuit sa démonstration logique qui consiste à affirmer que l’UMP et le PS, c’est la même chose, en les contraignant à gérer ensemble les départements.