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Libération

Jean-Marie Le Pen, un «détail» qui ne passe pas

publié le 2 avril 2015 à 20h06

La justice a ouvert jeudi soir une enquête pour contestation de crime contre l'humanité après le nouveau dérapage révisionniste de Jean-Marie Le Pen. Dix-huit ans après sa sortie sur «les chambres à gaz, un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre», le président d'honneur du Front national a récidivé. Cette phrase lui avait valu d'être condamné en 1991 à verser 1,2 million de francs (800 000 euros) à différentes associations. Mais, jeudi sur BFMTV, quand Jean-Jacques Bourdin lui a demandé s'il regrettait d'avoir eu ces propos «à un moment ou à un autre», l'octogénaire a répondu sans ciller : «Pas du tout, à aucun moment. Ce que j'ai dit correspondait à ma pensée. Que les chambres à gaz aient été un détail de l'histoire de la guerre, à moins d'admettre que ce soit la guerre qui fut un détail des chambres à gaz

Pour la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), «le Front national, par la voix de son président d'honneur, continue de démontrer - s'il le fallait encore - que l'antisémitisme et le négationnisme sont l'ADN de ce parti». En une phrase, le patriarche vient percuter de plein fouet la stratégie de dédiabolisation chère à sa fille.«Une nouvelle fois, je suis en désaccord avec Jean-Marie Le Pen, à la fois sur le fond et sur la forme», a ainsi déclaré à Europe 1 la patronne du parti. «La Shoah est l'abomination des abominations et Jean-Marie Le Pen un tract ambulatoire pour Manuel Valls, c'est désespérant !» a taclé, sur Twitter, l'avocat et député du Gard, Gilbert Collard, secrétaire général du Rassemblement bleu Marine. Jean-Marie Le Pen s'est empressé d'élever le débat en ripostant sur illico sur le réseau social d'un «Ferme donc ta gueule ! Espèce de Collard !!»

Marine Le Pen avait déjà pris ses distances une première fois après les propos du fondateur du Front sur «l’occupation allemande, pas si inhumaine que cela», en 2005. Et avait dénoncé une faute politique quand il avait parlé d’organiser «une nouvelle fournée» à propos de Patrick Bruel. Elle continue à apprendre qu’on n’est jamais aussi bien desservi que par les siens.