Pour le groupe Front national au conseil municipal du Mans (Sarthe), pas question de verser le moindre euro au Planning familial. A l'instar de Marine Le Pen, qui avait dénoncé en 2012 une supposée prolifération d'«avortements de confort», Emmanuel Dubois, conseiller municipal, s'en est pris frontalement à l'association nationale de défense du droit à la contraception et à l'avortement.
«Une fois de plus, nous sommes confrontés à une demande de subventions au profit d'une association dont le sectarisme et l'idéologie relativiste et morbide ne sont hélas plus à démontrer, a regretté l'élu, jeudi soir, à l'occasion d'un conseil municipal. D'exceptionnel, l'avortement est devenu un nouveau moyen de contraception qui conduit, chaque année, à l'élimination légale de plus de 200 000 enfants.» Dubois a conclu solennellement son propos en indiquant que son groupe ne pourrait «évidemment pas cautionner, encourager et financer une association dont le but est d'encourager l'élimination d'enfants sous couvert de principes humanistes».
Une sortie préparée qui a littéralement refroidi Jean-Claude Boulard, sénateur-maire socialiste du Mans. «Ce qu'il y a de glaçant, c'est que ça ne vient pas de la vieille garde FN mais d'un jeune élu. Durant son intervention, nous nous sommes regardés avec les collègues UMP en nous disant que nous n'étions clairement pas comme eux. Que nous partagions une communauté de pensées et des valeurs totalement différentes.»
Au Planning familial de la Sarthe, les arguments frontistes sont repoussés : «Notre travail est d'accueillir toutes les femmes en quête d'informations, qu'elles décident ou non de pratiquer une interruption volontaire de grossesse, l'IVG étant un droit, rappelle Marlène Boutet, sa directrice départementale. Nous allons prochainement réunir bénévoles, élus et salariés du Planning pour élaborer un droit de réponse.»
La tirade d'Emmanuel Dubois intervient quelques semaines seulement après celle de son collègue frontiste Louis Noguès, qui avait comparé l'homosexualité à la zoophilie (lire Libération des 3 et 4 mars). Un enchaînement dont Jean-Claude Boulard veut tirer profit : «Heureusement que, de temps en temps, les élus FN se lâchent, que l'on puisse réagir avant qu'il ne soit trop tard. Une piqûre de rappel, c'est indispensable si l'on veut être correctement vaccinés.»