«Je veux que la France tourne le dos à la médiocrité.» C'est par ces mots de Nicolas Sarkozy que le Journal du Dimanche annonçait dimanche à la une son interview de trois pages du patron de l'UMP. Passons sur l'exploit journalistique, qui a consisté à ne poser aucune question sur les affaires en cours, notamment la récente mise en examen de son directeur de campagne Guillaume Lambert dans le cadre de l'enquête sur Bygmalion. Sarkozy voulait parler d'autre chose. Notamment de République. «C'est la réponse au défi identitaire que connaît notre société», déclare-t-il au JDD. Juste avant de préciser sa pensée : «Il est grand temps de revendiquer haut et fort les valeurs de la République et d'arrêter de les abîmer. La République : c'est le travail, la responsabilité, l'autorité, le mérite, l'effort, la laïcité, le progrès et bien sûr la liberté.» Que Nicolas Sarkozy fasse l'oubli volontaire de la fraternité n'est pas très étonnant, le mot n'ayant jamais eu très bonne presse à droite. Mais qu'il enterre le principe d'égalité, valeur fondatrice du pacte républicain, en dit long sur le projet libéral qu'il compte porter devant les Français. Toujours au nom de «sa» République, Sarkozy a tenté de donner une justification fumeuse à l'interdiction du voile à l'université. «Au nom de la démocratie, chacun s'habille comme il l'entend. Au nom de la République, l'égalité hommes-femmes est sacrée et s'oppose au port du voile dans les administrations, à l'école et à l'université…» Le chef de l'Etat mélange tout à dessein. Si le voile est interdit dans les administrations, c'est au nom de la neutralité du service public. Cela ne concerne que les agents et pas les citoyens. Quant à l'interdiction du voile, la loi de 2004 ne dit rien de l'université : le législateur voulait d'abord protéger les enfants de tout risque prosélyte. L'étudiant(e) majeur est, lui, en droit de revendiquer une liberté de conscience. Sauf à remettre en question les principes de liberté individuelle et d'égalité entre les sexes, inscrits dans notre Constitution.