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Libération

Le Pen à New York: «Ici, on considère que le FN est un mouvement sérieux»

La présidente du parti frontiste a été désignée par l’hebdomadaire américain comme l’une des 100 personnalités les plus influentes du monde.
Marine Le Pen, présidente du Front National, arrive à la soirée de gala organisée à New York, le 21 avril 2015, par le magazine Time (Photo Timothy A. Clary. AFP)
publié le 22 avril 2015 à 8h08
(mis à jour le 22 avril 2015 à 11h04)

On n'aurait pas spontanément imaginé Marine Le Pen à la même soirée que Kim Kardashian et Kanye West. Ce fut pourtant le cas mardi lors de la cérémonie organisée par l'hebdomadaire américain Time à New York pour célébrer son classement des 100 personnalités les plus influentes du monde. Parmi lesquelles, donc, figure la présidente du FN. Cette distinction représente pour elle la reconnaissance d'«un mouvement politique important qui monte», le «symbole qu'outre-Atlantique on considère que le Front national est un mouvement sérieux, un mouvement de gouvernement, et que peut-être dans quelques mois il y aura en France des changements importants», a-t-elle déclaré en arrivant à la soirée de gala.

Marine Le Pen a été placée par Time parmi les «leaders» du monde, une catégorie où figurent aussi les présidents américain, russe et cubain Barack Obama, Vladimir Poutine et Raul Castro, ainsi que le Premier ministre grec Alexis Tsipras, la chancelière allemande Angela Merkel ou encore le dirigeant de la Corée du Nord Kim Jong-un. L'économiste français Thomas Piketty est le seul autre Français présent dans le classement.

Interrogée par FranceTVinfo, la correspondante du Time à Paris Vivienne Walt affirme qu'«il ne s'agit pas du tout d'une liste de personnes qu'on aime ou pas […] En général, Time choisit des personnages intéressants, fascinants, qui ont un impact dans leur métier». Marine Le Pen s'illustre, selon elle, car «elle a changé quelque chose en France ! Peu importe qu'on l'adore ou qu'on la déteste. On ne peut pas nier qu'elle a changé l'équilibre politique du pays, très rigide jusque-là».

«Je suis heureuse d'être la seule politique française ce soir, s'est enthousiasmé Marine Le Pen, rapporte Europe 1. Je représente ces grands bouleversements intervenus ces dernières années». Selon elle, «la France des oubliés, ce soir, n'est pas oubliée».

Jean-Marie Le Pen «ne connaît que l’opposition»

Le fait que cette cérémonie ait eu lieu un «21 avril, c'est un symbole», pour la présidente du FN, allusion au premier tour de l'élection présidentielle 2002 à l'issue duquel Jean-Marie Le Pen avait ravi la seconde place à Lionel Jospin. Une date qui demeure historique, malgré les relations détériorées entre père et fille, sur lesquelles Marine Le Pen est revenue dans un entretien avec Paris Match : «Je lui ai déjà posé ma démission il y a dix ans à cause, déjà, d'une interview dans Rivarol. Il disait alors que la dédiabolisation, ça ne l'intéressait pas. Il affirmait que les polémiques étaient utiles pour le parti. Je pensais l'inverse. C'est d'ailleurs cet incident qui m'a décidée de me présenter à la tête du FN.»

Entre eux aujourd'hui, les ponts sont coupés : «On ne se parle pas. J'ai pris certes des nouvelles quotidiennes de lui pendant son incident cardiaque. Mais je suis très fâchée […] Il a du mal à accepter le fait que je puisse à avoir une légitimité en dehors de lui. Il ne reconnaît plus son parti, et pour lui c'est dur. Je crée un parti de gouvernement, lui ne connaît que l'opposition.»

Avant le lancement du gala, Marine Le Pen s'est félicitée de ne pas parler la langue locale, raconte le Monde. «Ah non, je ne parle pas anglais, moi, je suis française ! Je fais partie de la majorité des Français, qui parlent peu l'anglais. En cela je suis très gaullienne : I speak very badly», a-t-elle plaisanté «avec un accent à couper au couteau», selon le correspondant à New York. Elle est française, mais elle a rejoint les Etats-Unis, en première, sur un vol de la compagnie OpenSkies, filiale de British Airways, souligne Paris Match.